Les Apologies aux Romains de Justin de Naplouse - Partie 4: Dieu et Jésus


Les Apologies aux Romains de Justin de Naplouse - Partie 4: Dieu et Jésus


 

 

 Jésus est subordonné à son Père

Justin n’est pas trinitaire, tout comme les Pères apostoliques. Ou en tout cas, même sans employer le mot « Trinité », il ne partage pas la conception de base du dogme de la Trinité (dans laquelle Jésus est l’égal du Père).

Pour Justin, et en conformité avec la Bible, Jésus est clairement subordonné à son Père.

« Avec lui nous vénérons, nous adorons, nous honorons en esprit et en vérité le fils venu d’auprès de lui, qui nous a donné ces enseignements, et l’armée des autres bons anges qui l’escortent et qui lui ressemblent, et l’esprit prophétique. Voilà la doctrine que nous avons apprise et que nous transmettons libéralement à quiconque veut s’instruire. » - Grande Apologie VI

Jésus est subordonné à son Père. Justin a écrit: Nous vénérons, nous adorons, nous honorons en esprit et en vérité le fils venu d’auprès de lui, qui nous a donné ces enseignements, et l’armée des autres bons anges qui l’escortent et qui lui ressemblent.

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« (…) c’est le Verbe qui vous le déclare, le prince le plus puissant et le plus juste après le Dieu qui l’a engendré (…) ; Tout cela a été prédit par notre maître, le fils et l’apôtre de Dieu, père et seigneur de toutes choses, Jésus-Christ, de qui nous tenons notre nom de chrétiens. » - Grande Apologie XII

«Nous vous montrerons aussi que nous adorons justement celui qui nous a enseigné ces choses, et qui a été engendré pour cela, Jésus-Christ qui fut crucifié sous Ponce-Pilate, gouverneur de Judée, au temps de Tibère César, en qui nous voyons le fils du vrai Dieu et que nous mettons au second rang, et, en troisième lieu, l’Esprit prophétique. Quelle folie, nous dit-on, de mettre à la seconde place après le Dieu immuable, éternel, créateur de toutes choses, un homme crucifié. C’est un mystère que l’on ignore. Nous allons vous l’expliquer ; veuillez nous suivre. » -
 Grande Apologie XIII

«
Or la première puissance, après le Dieu, père et maître de toutes choses c’est le Fils, son Verbe, qui s’est fait chair et est devenu homme, comme nous le dirons dans la suite. » - Grande Apologie XXXII

« Le Christ est le premier né de Dieu » - Grande Apologie XLVI
« Le Fils est le Verbe de Dieu, nous l’avons dit. Il s’appelle aussi Ange et Apôtre ; car il annonce tout ce qu’il faut savoir, et il est envoyé pour signifier tout ce qui est annoncé. Notre Seigneur nous le dit lui-même : « Celui qui m’écoute écoute celui qui m’a envoyé. » - Grande Apologie LXIII

« Ce que nous en avons dit était pour montrer que Jésus-Christ est Fils de Dieu et son Apôtre, étant d’abord Verbe et s’étant manifesté tantôt sous la forme du feu (allusion au buisson ardent de Moïse), tantôt sous une figure incorporelle : enfin, par la volonté de Dieu, il s’est fait homme pour sauver le genre humain, et il voulut bien souffrir tous les tourments que les démons inspirèrent à la fureur des Juifs. » Grande Apologie LXIII

« Appeler le Fils Père, c’est prouver que l’on ne connaît pas le Père et que l’on ne sait pas que le Père de l’univers a un Fils, qui est Verbe, premier-né de Dieu, et Dieu. Il se manifesta d’abord sous la forme du feu et sous une figure incorporelle à Moïse et aux autres prophètes ; et maintenant, au temps de votre empire, comme nous l’avons dit, il s’est fait homme, il est né d’une vierge, suivant la volonté du Père, pour le salut de ceux qui croient en lui. » Grande Apologie LXIII

«
 Car après Dieu nous adorons et nous aimons le Verbe né du Dieu non engendré et ineffable, puisqu'il s'est fait homme pour nous, afin de nous guérir de nos maux en y prenant part. » - Deuxième Apologie XIII


Justin explique que Jésus est « le prince le plus puissant et le plus juste après le Dieu qui l’a engendré ». Il est ainsi placé au second rang. Il est aimé et adoré après Dieu.
Il est le Fils de Dieu, son Fils unique, il est le Premier-né de Dieu.
Il est appelé 
l’Ange de Dieu et Justin parle de « l’armée des autres bons anges qui l’escortent et qui lui ressemblent ».
Il est 
le Verbe, l’Ange et l’Apôtre de Dieu car il annonce tout ce qu’il faut savoir et fait la volonté de son Père.
De toute évidence, et conformément aux paroles de Jésus lui-même, le Père est
 plus grand que le Fils. Jésus est soumis à son Père, il lui obéit, il est envoyé par lui. Il occupe le second rang dans l’univers après son Père, le Tout-Puissant.



 Le Nom divin

Pour Justin, Dieu n’a pas de nom. Pourtant, à cette époque-là, la Septante ne contenait-elle pas encore le Tétragramme hébraïque ?
Dieu a bien un Nom personnel et ce Nom est 
YHWH = Yahvé = Jéhovah = Yahweh

Dieu a bien un Nom personnel et ce Nom est YHWH = Yahvé = Jéhovah = Yahweh. Les Noms « Jéhovah » et « Jésus » sont liés dans leur sens profond : "Jésus vient du grec ancien Ἰησοῦς, «Iêsoûs». Ce mot signifie « Jehovah sauve » ou « Jehovah délivre ».

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« Le Père de l'univers n'a pas de nom, parce qu'il est inengendré. Recevoir un nom suppose en effet quelqu'un de plus ancien qui donne ce nom. 2. Ces mots Père, Dieu, Créateur, Seigneur et Maître ne sont pas des noms, mais des appellations motivées par ses bienfaits et ses actions. » - Deuxième apologie – VI


Il se trompe aussi sur le nom de Jésus :

« 4. Jésus est un nom qui signifie homme et sauveur. » - Deuxième apologie – VI

Les Noms « Jéhovah » et « Jésus » sont liés dans leur sens profond :
"Jésus vient du grec ancien
 ησος, «Iêsoûs», lui-même issu du prénom hébreu ancien ישוע, «Iéshua» (et a la même racine que Josué).
Ce mot signifie « 
Jehovah sauve » ou « Jehovah délivre ».

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 Selon Justin, le Verbe peut parler par les philosophes

«
 Personne ne crut Socrate jusqu'à mourir pour ce qu'il enseignait. Mais le Christ, que Socrate connut en partie (car il était le Verbe et il est celui qui est en tout, qui prédit l'avenir par les prophètes et qui prit personnellement notre nature pour nous enseigner ces choses), le Christ fut cru non seulement des philosophes et des lettrés, mais aussi des artisans et des ignorants en général, qui méprisèrent pour lui et l'opinion et la crainte de la mort ; car il est la puissance du Père ineffable et non une production de la raison humaine. » - Deuxième apologie –X

« 2. Je suis chrétien, je m'en fais gloire, et, je l'avoue, tout mon désir est de le paraître. Ce n'est pas que la doctrine de Platon soit étrangère à celle du Christ, mais elle ne lui est pas en tout semblable, non plus que celle des autres, Stoïciens, poètes ou écrivains. 3. Chacun d'eux en effet a vu du Verbe divin disséminé dans le monde ce qui était en rapport avec sa nature, et a pu exprimer ainsi une vérité partielle ; mais en se contredisant eux-mêmes dans les points essentiels, ils montrent qu'ils n'ont pas une science supérieure et une connaissance irréfutable. 4. Tout ce qu'ils ont enseigné de bon nous appartient, à nous chrétiens. Car après Dieu nous adorons et nous aimons le Verbe né du Dieu non engendré et ineffable, puisqu'il s'est fait homme pour nous, afin de nous guérir de nos maux en y prenant part. 5. Les écrivains ont pu voir indistinctement la vérité, grâce à la semence du Verbe qui a été déposée en eux. » - Deuxième apologie – XIII

« 
Car ce n’est pas seulement chez les Grecs et par la bouche de Socrate que le Logos a fait entendre ainsi la vérité ; mais les barbares aussi ont été éclairés par le même Verbe, revêtu d’une forme sensible, devenu homme et appelé Jésus-Christ. » - Grande Apologie – V

Faites attention: que personne ne vous prenne au piège par la philosophie, par des tromperies sans fondement qui s'appuient sur la tradition des hommes, sur les principes élémentaires qui régissent le monde, et non sur Christ. »- Colossiens 2:8

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« Les démons firent porter la peine de mort contre ceux qui liraient les livres d’Hystaspe, de la Sibylle ou des prophètes, pour effrayer les hommes et les détourner de chercher dans cette lecture la connaissance du bien. Ils voulaient, par ce moyen, les retenir sous leur joug. Mais ils n’ont pas pu interdire ces livres pour toujours.» - Grande Apologie – XLIV

« Ceux qui ont vécu selon le Verbe sont chrétiens, eussent-ils passés pour athées, comme, chez les Grecs, Socrate, Héraclite et leurs semblables, et, chez les barbares, Abraham, Ananias, Azarias, Misaël, Élie et tant d’autres, dont il serait trop long de citer ici les actions et les noms. » - Grande Apologie – XLVI

« Les démons ne se contentèrent pas d’inventer avant la venue du Christ tous ces prétendus fils de Zeus. Après sa manifestation et son avènement parmi les hommes, sachant par les prophètes tout ce qui était annoncé à son sujet, et voyant qu’il était la foi et l’attente de toutes les nations, ils suscitèrent, comme nous l’avons dit plus haut, d’autres imposteurs, Simon et Ménandre de Samarie, qui, par les prestiges de la magie, séduisirent et maintiennent encore dans l’erreur beaucoup d’hommes. » - LVI

Pour Justin, le Logos s’est manifesté aux hommes avant la venue de Jésus. A travers les prophètes hébreux pour Israël, mais aussi à travers certains philosophes, comme Socrate, pour les nations païennes. Cette idée se retrouve aussi chez d’autres auteurs chrétiens, comme Clément d’Alexandrie. Tatien le syrien, par contre, rejette la culture grecque avec « son arrogance, son immoralité et son absurdité ».

La Bible dit clairement :
Colossiens 2 :8 : « Faites attention: que personne ne vous prenne au piège par la philosophie, par des tromperies sans fondement qui s'appuient sur la tradition des hommes, sur les principes élémentaires qui régissent le monde, et non sur Christ. »

 

 


 L’absurdité des idoles fabriquées par des hommes débauchés

Justin rejoins le raisonnement d’Aristide d’Athènes qui a longuement et habilement débattu sur les idoles des peuples païens.

Lien - Aristide d'Athènes

« Ne savez-vous pas, sans qu’il soit besoin de vous le dire, comment les artistes travaillent la matière, comment ils la polissent, la taillent, la fondent et la battent? Souvent, grâce à leur art, des vases d’ignominie, en changeant seulement de forme et de figure, ont reçu le nom de dieux. Aussi, est-ce à nos yeux une absurdité, que dis-je, un outrage à la divinité, dont la grandeur et la nature sont ineffables, de donner son nom à des œuvres corruptibles et qui ont besoin d’être entretenues par la main de l’homme. Et vous savez bien que ces artistes eux-mêmes sont des débauchés et qu’ils sont livrés à tous les vices ; il n’est pas besoin de les énumérer ; ils violent les jeunes filles qui les aident dans leurs travaux. Ô aveuglement ! Ce sont des débauchés, à vous en croire, qui créent et façonnent les dieux que vous adorez ! Vous faites de tels hommes les gardiens des temples où ils résident, et vous ne comprenez pas que c’est une impiété que de penser ou de dire que des hommes soient les gardiens des dieux!» Grande Apologie IX



  Conclusion de la partie 4

Justin de Naplouse est clairement non trinitaire (comme les Pères apostoliques).
Jésus est le Premier-né de Dieu, il occupe le second rang dans l’univers après son Père, le Tout-Puissant.
Il est appelé le Verbe, l’Ange et l’Apôtre de Dieu car il est le messager de Dieu et fait toujours la volonté de son Père.
Selon Justin, le Verbe peut parler par les philosophes (des philosophes qui se contredisent et dont les enseignements s’opposent souvent à la Bible !).
Justin parle de la débauche des ouvriers qui sculptent les dieux que les Grecs adoreront ensuite…
Enfin, Justin Martyr ne connaît pas le Nom personnel de Dieu et pense qu’il ne peut se donner un Nom lui-même.

Olivier

 


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