Homélie du IIe siècle (autrefois appelée « Seconde épître de Clément »)


 

 

Cette homélie a été composée dans la première moitié du deuxième siècle, entre 120 et 150. Elle était jointe à la lettre de Clément aux Corinthiens dans le manuscrit Alexandrinus du Nouveau Testament avec le titre « Deuxième épître aux Corinthiens de Clément ». Mais, la critique actuelle, tout comme Eusèbe (HE, III, 38, 4) et Jérôme ne l'attribuent pas à Clément.

Dans cette lettre, l’auteur exhorte le chrétien à 
préserver la pureté de sa foi en se détachant des biens et désirs de ce monde, en supportant les souffrances temporaires et en accomplissant de belles œuvres qui témoigneront en sa faveur et lui permettront d’obtenir la vie éternelle.
Les chrétiens doivent lutter dans la vie présente pour être couronnés dans celle qui vient.



Manifestons notre reconnaissance envers notre Sauveur

Nous devons tout au Christ. Manifestons-lui notre reconnaissance.
C’est Jésus-Christ lui-même qui a éclairé nos ténèbres et fait briller sur nous sa lumière ; c’est lui qui nous a tendu la main pour nous tirer de cette mort où nous étions plongés, il nous a sauvés lorsque nous allions périr. Comment nous acquitter envers lui ?

Le salut par Jésus s’est étendu à toutes les nations. La femme stérile (la gentilité) a aujourd’hui une postérité plus nombreuse que la femme qui avait un époux (Israël).

 

Nous devons tout au Christ. Manifestons-lui notre reconnaissance. C’est Jésus-Christ qui a éclairé nos ténèbres et fait briller sur nous sa lumière ; c’est lui qui nous a tendu la main pour nous tirer de cette mort où nous étions plongés, il nous a sauvés

IMGBIN_mlopezjr



Espérance

 « Mais qu’elle est grande et magnifique la promesse que Jésus-Christ nous a faite d’un repos éternel au sein de sa gloire. Il est à nous, mes frères, si nous ne fixons pas ici-bas nos désirs, si nous méprisons tous les biens de ce monde comme indignes d’arrêter un seul de nos regards.
(…) que sert à l’homme de gagner l’univers, s’il vient à perdre son âme ? »


L’auteur compare la vie du chrétien à un combat qu’il doit livrer pour s’assurer une 
couronne immortelle.
« Nous sommes toujours ici-bas aux prises avec l’ennemi. Dans l’arène nous ne couronnons que l’athlète qui a vaillamment combattu. Une couronne nous est aussi proposée ; celle-ci ne se flétrit point ; elle est immortelle. Élançons-nous tous ensemble vers ce prix placé au bout de la carrière. Dans les luttes des gladiateurs, le combat a ses lois ; celui qui les viole est jeté hors de la lice et battu de verges. »


L’auteur compare la vie du chrétien à un combat qu’il doit livrer pour s’assurer une couronne immortelle. Nous sommes toujours ici-bas aux prises avec l’ennemi. Dans l’arène nous ne couronnons que l’athlète qui a vaillamment combattu.

Image par WikiImages de Pixabay

 



L’auteur rappelle que « Jésus est le juge des vivants et des morts ».

 


Il croit en la résurrection dans des corps de chair.

La condition imposée au Chrétien, dans le combat qu’il doit livrer pour s’assurer l’immortelle couronne, est de conserver son âme pure. Malheur à celui qui la souille !
Écoutez la voix du Seigneur : « 
Que rien ne souille votre corps, vous dit-il ; conservez intacte la pureté de votre foi, afin d’obtenir la vie éternelle. »

« Eh quoi ! mes frères, n’est-ce pas dans cette chair que nous avons été appelés au salut, éclairés des lumières de la foi ? Vous devez donc respecter votre corps comme le temple de Dieu, et croire que c’est dans cette chair que vous ressusciterez ; de même que Jésus-Christ, l’auteur de votre salut, s’est fait chair, de pur esprit qu’il était, de même aussi nous recevrons dans notre chair la récompense qu’il nous promet. »

 


Les premiers chrétiens avaient l’espoir de faire partie de l’organisation spirituelle invisible de Dieu :
« Si nous faisons la volonté de Dieu, nous appartiendrons à la première Église, à celle qui est spirituelle, et qui fut créée avant le soleil et la lune » (XIV, 1)

« Les écrits des prophètes et des Apôtres portent que l'Église n'est pas de ce siècle, mais qu'elle est née au commencement ; elle était spirituelle comme notre Jésus et elle s'est manifestée dans les derniers jours pour nous sauver » (
XIV, 2)

L’organisation spirituelle de Dieu, dont le représentant le plus éminent est Jésus, existe depuis le commencement. Dans les derniers jours, elle se manifestera sur la terre pour accomplir le dessein de Dieu et sauver les fidèles serviteurs de Dieu.

 


Foi et Œuvres

Jésus qui nous a fait connaître le Dieu de vérité demande « moins l’hommage des lèvres que celui des œuvres ».

Il nous faut fuir l’adultère, la médisance, la jalousie, ne pas s’attacher aux biens matériels.
Regardons cette terre comme un lieu d’exil et vivons comme des étrangers.
« Nous ne pouvons servir deux maîtres à la fois, Dieu et l’argent; ainsi que l’a dit Jésus.
Que nous reviendrait-il de cet indigne partage ? Je vous le demande, que sert à l’homme de gagner l’univers, s’il vient à perdre son âme ?
Quel avocat pourra plaider notre cause, si les œuvres de justice et de piété ne parlent pas en notre faveur ? »



L’auteur encourage le chrétien a accomplir de bonnes œuvres, à pratiquer la pénitence – aumône, jeûne, prière (XVI, 4) pour garder « pur et immaculé notre baptême »(VI,9) et ainsi entrer dans la vie éternelle.

Dieu nous demande une 
pénitence faite avec un cœur droit car rien ne lui échappe, il voit tout ce que se passe dans notre cœur. Remettons-nous alors entre les mains de Dieu, le grand médecin tout en lui témoignant notre reconnaissance.

Chacun est donc appelé à lutter (VII) en supportant les souffrances du temps présent qui sont de courte durées (V,5 ; XIX, 3-4) et à prendre soin de la destinée de tous. Il ne faudrait pas en effet « 
laisser périr une âme qui connaît déjà Dieu ».
Aimons-nous tous les uns les autres, pour avoir tous part au royaume de Dieu.

« Pratiquons la justice pour que nous soyons sauvés quand viendra la fin. Heureux ceux qui obéissent à ces préceptes ! Oui, même s'ils ont à souffrir un peu de temps en ce monde, car ils vendangeront le fruit impérissable de la résurrection. Que l'homme pieux ne s'attriste donc pas, si pour ce temps présent il est dans le malheur : une double félicité l'attend ; oui, là-haut, après sa résurrection, il partagera la joie de ses pères, pour l'éternité où il n'y a plus de peine. [...] Ayons donc la foi, frères et sœurs ; ce combat que nous menons est l'épreuve que nous impose le Dieu vivant, et nous luttons dans la vie présente pour être couronnés dans celle qui vient. XIX, 3-4 / XX, 2 Faisons pénitence de tout notre cœur, afin qu'aucun d'entre nous ne périsse. Car si nous avons reçu l'ordre de travailler à détourner des idoles et à enseigner la vérité, à plus forte raison ne faut-il pas laisser périr une âme qui connaît déjà Dieu. Aidons-nous les uns les autres à entraîner même les faibles vers le bien de façon à ce que nous soyons tous sauvés ; convertissons-nous et reprenons-nous les uns les autres. XVII, 1-2 »


Ceux qui « préfèrent une volupté passagère aux promesses de la vie future » ne trouvent pas la paix et les «terreurs de la conscience sans cesse les agitent. Ils ignorent quelle amertume se trouve au fond des plaisirs du siècle  ». Non seulement ils se perdent eux-mêmes mais ils cherchent à « insinuer dans les âmes pures le poison de leurs funestes doctrines. » Leur condamnation sera double.
Mais «
quelles délices renferme au contraire la promesse des biens futurs » !
« Soyons prêts à toute heure, puisque nous ne savons pas le moment de l’arrivée du Seigneur
» en nous soutenant par l’espérance des biens futurs et en vivant dans la justice et la charité.

 

 

L’auteur n’est pas trinitaire.

« Au Dieu unique et invisible, au Père de vérité, qui nous a envoyé le Sauveur, la source de l'incorruptibilité, et nous a manifesté par lui la vérité et la vie céleste, à Lui soit la gloire dans les siècles des siècles ».
Jésus a été envoyé par son Père, il est subordonné à son Père.

 

 


Conclusion

L’auteur de cette homélie met fortement l’accent sur la manifestation de la foi par des œuvres qui reflètent notre reconnaissance pour Dieu et pour Jésus.
Les idées développées font allusion à de nombreux versets de la Bible.

Selon l’apôtre Paul, Jésus «
 s'est donné lui-même pour nous afin de nous racheter de toute faute et de se faire un peuple qui lui appartienne, purifié et zélé pour de belles œuvres. »- Tite 2 : 14  
De ce fait, nous appartenons « 
à celui qui est ressuscité afin que nous portions des fruits pour Dieu.» - Rom 7 :4

Jésus qui a fait connaître le Dieu de vérité demande « moins l’hommage des lèvres que celui des œuvres ». En accomplissant la volonté de Dieu nous obéiront au commandement de Jésus lui-même :
Matthieu 7 :19-21 : « 19 Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. 20 C'est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. 21 Ceux qui me disent: 'Seigneur, Seigneur!' n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père céleste. »

Jésus deviendra alors pour tous ceux qui lui obéissent l’auteur d’un salut éternel.
Héb 5 : 9 : « Et parfaitement qualifié, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent l'auteur d'un salut éternel, »


Jésus a encouragé ses disciples à ne pas s’attacher aux biens matériels mais plutôt à amasser des « trésors » dans le ciel. En effet, comme le dit l’auteur de l’homélie : « que sert à l’homme de gagner l’univers, s’il vient à perdre son âme ? »

Matthieu 6 : 19-21 : « 19 »Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où les mites et la rouille détruisent et où les voleurs percent les murs pour voler, 20 mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où les mites et la rouille ne détruisent pas et où les voleurs ne peuvent pas percer les murs ni voler! 21 En effet, là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. »

Marc 8 :36 : « Et que servira-t-il à un homme de gagner le monde entier, s'il perd son âme? »

 


La vie du chrétien est comparée à une lutte, un combat à mener jusqu’à ce que nous obtenions le prix final : la vie éternelle.

Les Saintes Écritures encouragent le chrétien à rejeter l’amour de l’argent, racine de tous les maux et à combattre le bon combat de la Foi afin de se saisir de la vie éternelle conformément à l’engagement de son baptême devant témoins.
1 Timothée 6 : 10-12 : « 10 L'amour de l'argent est en effet à la racine de tous les maux. En s'y livrant, certains se sont égarés loin de la foi et se sont infligé eux-mêmes bien des tourments.
11 Quant à toi, homme de Dieu, fuis ces choses et recherche la justice, la piété, la foi, l'amour, la persévérance, la douceur. 12 Combats le bon combat de la foi, saisis la vie éternelle. C'est à elle que tu as été appelé et c'est pour elle que tu as fait une belle profession de foi en présence d'un grand nombre de témoins ».



Des gens de toute nation, plus nombreux que les membres de l’ancien peuple de Dieu, s’engagent dans la pratique de la justice afin d’être agréables à Dieu.
Actes 10 : 34, 35 : « 34 Alors Pierre prit la parole et dit: «En vérité, je reconnais que Dieu ne fait pas de favoritisme 35 et que dans toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice lui est agréable. »

Selon l’homélie, la femme stérile (la gentilité) a aujourd’hui une postérité plus nombreuse que la femme qui avait un époux (Israël). Il s’agit d’un accomplissement de la prophétie d’Esaïe 54 :1.

Esaïe 54 :1 : « Crie de joie, stérile, toi qui n'as pas enfanté; pousse des cris de joie, des clameurs, toi qui n'as pas mis au monde, car plus nombreux sont les fils de la délaissée que les fils de l'épouse, dit Yahvé. » - Jérusalem

Galates 4 :27 : « De fait, il est écrit: Réjouis-toi, stérile, toi qui n'as pas eu d'enfant! Éclate de joie et pousse des cris de triomphe, toi qui n'as pas connu les douleurs de l'accouchement! En effet, les enfants de la femme délaissée seront plus nombreux que ceux de la femme mariée.»


En conclusion, je dirais qu’il est dommage que nous ne possédions pas le texte entier, nous aurions ainsi un aperçu des autres croyances de l’auteur.
En ce qui concerne la partie que nous pouvons lire (voir liens) nous constatons que l’auteur a une bonne connaissance des Écritures et qu’il est réellement sincère dans ses efforts pour
servir Dieu.

Seul un point m’étonne, c’est la résurrection avec le corps physique sachant que l’espérance de l’auteur était céleste (rejoindre « l’Eglise » spirituelle de Dieu). Imagine-t-il, dans les cieux, des corps faits de cellules qui dépendent des cycles naturels propres à notre planète ?

Enfin, nous voyons là encore que, comme d’autres auteurs de la même époque, le rédacteur de cette homélie n’est 
pas trinitaire.


Lien Pseudo lettre de Clément de Rome

Vidéo- Pseudo Clément de Rome

Lien - Pseudo lettre de Clément de Rome


 

Olivier                                                                        Pour laisser un commentaire, c'est ici !

 

Sauf indication spéciale, les versets ont été tirés de la traduction Segond 21 


Jésus a encouragé ses disciples à ne pas s’attacher aux biens matériels mais plutôt à amasser des « trésors » dans le ciel. Et que servira-t-il à un homme de gagner le monde entier, s'il perd son âme?