Lettres écrites par Ignace d’Antioche aux 6 églises et à Polycarpe


 

Ignace était le responsable de l’église d’Antioche à la fin du premier siècle et au début du 2ème siècle. On sait qu’il y est arrêté aux alentours des années 107- 110 et amené à Rome où il va mourir en martyr.

Ignace était le responsable de l’église d’Antioche à la fin du premier siècle et au début du 2ème siècle. On sait qu’il y est arrêté aux alentours des années 107- 110 et amené à Rome où il va mourir en martyr.

Ignace d'Antioche - wikipedia



Sur le chemin, il écrit 7 lettres : 6 lettres à des églises (aux Corinthiens, Ephésiens, Magnésiens, Romains, Smyrniotes et Tralliens),  et une lettre à Polycarpe. Le point central de ces lettres est l’insistance sur l’unité de l’église par la 
soumission à l’autorité de l’évêque.

Ignace est le premier à attester de 
l’épiscopat monarchique, c’est-à-dire une église dirigée par l'évêque. Mais il semblerait que les églises à qui il s’adresse aient adopté le même système ou en tout cas, Ignace les encourage à le faire, il demande par exemple à Polycarpe d’être plus ferme et que rien ne se fasse sans son avis.
Il s’agit donc là d’une hiérarchie locale avec 3 grades : l’évêque, les prêtres et les diacres.
On constate que, très tôt dans l’histoire des églises, un système clérical hiérarchique s’octroyant de plus en plus de pouvoir se met en place.

En revanche, en Occident, ce fonctionnement n’est pas encore pratiqué ; on pense par exemple que l’église de Rome n’adoptera ce système de l’épiscopat monarchique que dans la seconde moitié du 2ème siècle.

 



L’unité de l’Eglise centrée autour de l’évêque qui tient la place de Dieu

Ignace d'Antioche insiste, dans toutes ses lettres, sur la soumission et l'obéissance à l'évêque, le représentant de Dieu.

Tralliens II :1, 2 : « 1. Car quand vous vous soumettez à l’évêque comme à Jésus-Christ, je ne vous vois pas vivre selon les hommes, mais selon Jésus-Christ qui est mort pour vous, afin que, croyant à sa mort, vous échappiez à la mort. »
2. Il est donc nécessaire, comme vous le faites, de ne rien faire sans l’évêque, mais de vous soumettre aussi au presbyterium, comme aux apôtres de Jésus-Christ notre espérance (cf. 1Ti 1.1) en qui nous serons trouvés si nous vivons ainsi.

Tralliens III :1 : « 1. Pareillement, que tous révèrent les diacres comme Jésus-Christ, comme aussi l’évêque, qui est l’image du Père, et les presbytres comme le sénat de Dieu et comme l’assemblée des Apôtres : sans eux on ne peut parler d’Églises. »

Tralliens VII :1, 2 : «  1. Gardez-vous donc de ces gens-là. Vous le ferez en ne vous gonflant pas « d’orgueil », et en restant inséparables de Jésus-Christ Dieu et de l’évêque et des préceptes des Apôtres.
2. Celui qui est à l’intérieur du sanctuaire est pur, mais celui qui est en dehors du sanctuaire n’est pas pur ; c’est-à-dire que celui qui agit en dehors du sanctuaire n’est pas pur ; c’est-à-dire que celui qui agit en dehors de l’évêque, du presbyterium et des diacres, celui-là n’est pas pur de conscience. »

Smyrniotes : VIII : 1, 2 : « VIII, 1. Suivez tous l'évêque, comme Jésus-Christ suit son Père, et le presbyterium comme les Apôtres ; quant aux diacres, respectez-les comme la loi de Dieu. Que personne ne fasse, en dehors de l'évêque, rien de ce qui regarde l'Église. Que cette eucharistie seule soit regardée comme légitime, qui se fait sous la présidence de l'évêque ou de celui qu'il en aura chargé. 2. Là où paraît l'évêque, que là soit la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l'Église catholique. Il n'est pas permis en dehors de l'évêque ni de baptiser, ni de faire l'agape, mais tout ce qu'il approuve, cela est agréable à Dieu aussi Ainsi tout ce qui se fait sera sûr et légitime. »

Smyrniotes : IX :1 : « Il est bon de reconnaître Dieu et l'évêque. Celui qui honore l'évêque est honoré de Dieu; celui qui fait quelque chose à l'insu de l'évêque sert le diable. »

Éphésiens III :2 : « Car Jésus-Christ, notre vie inséparable, est la pensée du Père, comme aussi les évêques, établis jusqu'aux extrémités de la terre, sont dans la pensée de Jésus-Christ. »

Éphésiens V :1 : « V, 1. Si en effet, moi-même j'ai en si peu de temps contracté avec votre évêque une telle intimité, qui n'est pas humaine, mais toute spirituelle, combien plus je vous félicite de lui être si profondément unis, comme l'Église l'est à Jésus-Christ, et Jésus-Christ au Père, afin que toutes choses soient en accord dans l'unité. »

Éphésiens V :3 : « Ayons donc soin de ne pas résister à l'évêque, pour être soumis à Dieu. »


Éphésiens VI :1 : « Donc il est clair que nous devons regarder l'évêque comme le Seigneur lui-même. »

Éphésiens XX :2 : « 2. Surtout si le Seigneur me révèle que chacun en particulier et tous ensemble, dans la grâce qui vient de son nom, vous vous réunissez dans une même foi, et en Jésus-Christ " de la race de David selon la chair " (Rm 1,3), fils de l'homme et fils de Dieu, --pour obéir à l'évêque et au presbyterium, dans une concorde sans tiraillements, rompant un même pain qui est remède d'immortalité, antidote pour ne pas mourir, mais pour vivre en Jésus-Christ pour toujours. »

Magnésiens III et IV :  III, 1. Et à vous il convient de ne pas profiter de l'âge de votre évêque, mais par égard à la puissance de Dieu le Père, lui accorder toute vénération ; je sais en effet que vos saints presbytres n'ont pas abusé de la jeunesse qui paraît en lui, mais comme des gens sensés en Dieu, ils se soumettent à lui, non pas à lui, mais au Père de Jésus-Christ, à l'évêque de tous. 2. Par respect pour celui qui nous a aimés, il convient d'obéir sans aucune hypocrisie ; car ce n'est pas seulement cet évêque visible qu'on abuse, mais c'est l'évêque invisible qu'on cherche à tromper. Car dans ce cas, ce n'est pas de chair qu'il s'agit, mais de Dieu qui connaît les choses cachées.
Magnésiens IV. Il convient donc de ne pas seulement porter le nom de chrétiens, mais de l'être aussi ; certains, en effet, parlent toujours de l'évêque, mais font tout en dehors de lui. Ceux-là ne me paraissent pas avoir une bonne conscience, car leurs assemblées ne sont pas légitimes, ni conformes au commandement du Seigneur.

Magnésiens VI :1 : « VI, 1. Ainsi, puisque dans les personnes que j'ai nommées plus haut, j'ai dans la foi vu et aimé toute votre communauté, je vous en conjure, ayez à cœur de faire toutes choses dans une divine concorde, sous la présidence de l'évêque qui tient la place de Dieu, des presbytres qui tiennent la place du sénat des Apôtres, et des diacres qui me sont si chers, à qui a été confié le service de Jésus-Christ, qui avant les siècles était près de Dieu, et s'est manifesté à la fin. »

Magnésiens VII :1 : « VII, 1. De même donc que le Seigneur n'a rien fait, ni par lui-même, ni par ses Apôtres, sans son Père (cf. Jn 5, 19, 30 ; 8, 28), avec qui il est un, ainsi vous non plus ne faites rien sans l'évêque et les presbytres;»

Phildelphiens III :2 : «  Car tous ceux qui sont à Dieu et à Jésus-Christ, ceux-là sont avec l'évêque ; »

Phildelphiens IV. Ayez donc soin de ne participer qu'à une seule eucharistie ; car il n'y a qu'une seule chair de notre Seigneur Jésus-Christ, et un seul calice pour nous unir en son sang, un seul autel, comme un seul évêque avec le presbyterium et les diacres, mes compagnons de service : ainsi, tout ce que vous ferez, vous le ferez selon Dieu.

Philedelphiens VII :1 : «  2. C'est l'Esprit qui me l'annonçait en disant : " Ne faîtes rien sans l'évêque, gardez votre chair comme le temple de Dieu (cf. 1 Co 3, 16 ; 6,19), aimez l'union, fuyez les divisions, soyez les imitateurs de Jésus-Christ, comme lui aussi l'est de son Père " (cf. 1 Co 11,1). »



Ignace demande à Polycarpe de s’affirmer et d’acquérir plus de pouvoir. Il lui demande d’être plus ferme et que rien ne se fasse sans son autorisation.

Polycarpe IV :1b : « 1 Que rien ne se fasse sans ton avis et toi non plus, ne fais rien sans Dieu : tu ne le fais pas non plus ; sois ferme. »

Polycarpe V :2 : « s'il se fait connaître à d'autres qu'à l'évêque, il est corrompu. »

Polycarpe V :2 : « Il convient aussi aux hommes et aux femmes qui se marient, de contracter leur union avec l’avis de l’évêque, afin que leur mariage se fasse selon le Seigneur et non selon la passion. Que tout se fasse pour l’honneur de Dieu. »

Polycarpe VI :1 : « 1. Attachez-vous à l’évêque, pour que Dieu aussi s’attache à vous. J’offre ma vie pour ceux qui se soumettent à l’évêque, aux prêtres, aux diacres ; et puisse-t-il m’arriver d’avoir avec eux part en Dieu. Peinez ensemble les uns avec les autres, ensemble combattez, luttez, souffrez, dormez, réveillez-vous, comme des intendants de Dieu, comme ses assesseurs, ses serviteurs. »

 

C'est le début du pouvoir clérical qui allait dominer une bonne partie du monde, jusqu’à nos jours.

 

Ignace d'Antioche insiste, dans toutes ses lettres, sur la soumission et l'obéissance à l'évêque, le représentant de Dieu. Voilà le début du pouvoir clérical qui allait dominer une bonne partie du monde, jusqu’à nos jours.

 

 

 

 Le chrétien est comparé à un soldat :

Polycarpe VI :2 : « 2. Cherchez à plaire à celui sous les ordres de qui vous faites campagne (cf. 2Ti 2.4), de qui aussi vous recevez votre solde, qu’on ne trouve parmi vous aucun déserteur. Que votre baptême demeure comme votre bouclier, la foi comme votre casque, la charité comme votre lance, la patience comme votre armure. Vos dépôts, ce sont vos œuvres, afin que vous receviez comme il convient les sommes auxquelles vous avez droit. Soyez donc patients les uns envers les autres, dans la douceur, comme Dieu l’est pour vous. Puissé-je jouir de vous continuellement. »



Mise en garde contre les hérésies

Ignace compare les hérésies à des plantes étrangères, parasites ou mauvaises, à du poison mortel.

Tralliens VI : 1, 2 : « 1. Je vous exhorte donc, non pas moi, mais la charité de Jésus-Christ, à n’user que de la nourriture chrétienne, et à vous abstenir de toute plante étrangère, qui est l’hérésie.
2. « Ce sont des gens » qui entremêlent Jésus-Christ à leurs propres « erreurs » en cherchant à se faire passer pour dignes de foi, comme ceux qui donnent un poison mortel avec du vin mêlé de miel, et celui qui ne sait pas le prend avec plaisir, mais dans ce plaisir néfaste, il absorbe la mort. »

Tralliens XI :1 : «  1. Fuyez donc ces mauvaises plantes parasites : elles portent un fruit qui donne la mort, et si quelqu’un en goûte, il meurt sur le champ. Ceux-là ne sont pas la plantation du Père (cf. Mt 15.13; Jn 15.1; 1Co 3.9). »

Philadelphiens III :1 : « III, 1. Abstenez-vous des plantes mauvaises que Jésus-Christ ne cultive pas, parce qu'elles ne sont pas une plantation du Père (cf. Mt 15, 13 ; Jn 15, 1 ; 1 Co 3, 9). »



Jésus-Homme

Au premier siècle une tendance hérétique du christianisme appelée 
docétisme enseignait que Jésus-Christ, au cours de sa vie terrestre, n’avait pas un corps réel d’humain mais seulement un corps apparent.
Les 
gnostiques qui enseignaient que la matière est mauvaise en ont fait un point important de leur doctrine.
Des docètes ont soutenu que toutes les souffrances de la vie de Jésus, y compris la crucifixion, n’étaient que des apparences.

1 Jean 4 : 2, 3 : « 2 Voici comment identifier l'Esprit de Dieu: tout esprit qui reconnaît que Jésus est le Messie venu en homme est de Dieu. 3 Et si un esprit ne reconnaît pas que Jésus est le Messie venu en homme, il n'est pas de Dieu: c'est l'esprit de l'Antichrist. »

Ignace d’Antioche a combattu le 
docétisme.

Tralliens IX : 1, 2 : « 1. Soyez donc sourds quand on vous parle d’autre chose que de Jésus-Christ, de la race de David, « fils » de Marie, qui est véritablement né, qui a mangé et qui a bu, qui a été véritablement persécuté sous Ponce Pilate, qui a été véritablement crucifié, et est mort, aux regards du ciel, de la terre et des enfers, »

Tralliens 2. qui est aussi véritablement ressuscité d’entre les morts. C’est son Père qui l’a ressuscité, et c’est lui aussi, « le Père », qui à sa ressemblance nous ressuscitera en Jésus-Christ, nous qui croyons en lui, en dehors de qui nous n’avons pas la vie véritable ».

Tralliens X : « Car si, comme le disent certains athées, c’est-à-dire des infidèles, il n’a souffert qu’en apparence, — ils n’existent eux-mêmes qu’en apparence, — moi, pourquoi suis-je enchaîné ? pourquoi donc souhaiter de combattre contre les bêtes ? C’est donc pour rien que je me livre à la mort ? Ainsi donc je mens contre le Seigneur !(cf. 1Co 15.15) ».


 


La Trinité

Dans certains passages, nous constatons que Jésus est clairement subordonné à son Père, il n'est donc pas égal à son Père comme l'affirme la doctrine de la Trinité.

Tralliens IX :2 : « C’est son Père qui l’a ressuscité, »

Smyrniotes VIII :1 : «Suivez tous l'évêque, comme Jésus-Christ suit son Père »

Tralliens III :1 : « Pareillement, que tous révèrent les diacres comme Jésus-Christ, comme aussi l’évêque, qui est l’image du Père, et les presbytres comme le sénat de Dieu et comme l’assemblée des Apôtres : sans eux on ne peut parler d’Églises. »


Éphésiens V :1 : « Si en effet, moi-même j'ai en si peu de temps contracté avec votre évêque une telle intimité, qui n'est pas humaine, mais toute spirituelle, combien plus je vous félicite de lui être si profondément unis, comme l'Église l'est à Jésus-Christ, et Jésus-Christ au Père, afin que toutes choses soient en accord dans l'unité. »

Magnésiens VIII :2 : « Ils étaient inspirés par sa grâce, pour que les incrédules fussent pleinement convaincus qu'il n'y a qu'un seul Dieu, manifesté par Jésus-Christ son Fils qui est son Verbe sorti du silence, qui en toutes choses s'est rendu agréable à celui qui l'avait envoyé (cf. In 8, 29). »

Philedelphiens VII :2 : « C'est l'Esprit qui me l'annonçait en disant : " Ne faîtes rien sans l'évêque, gardez votre chair comme le temple de Dieu (cf. 1 Co 3, 16 ; 6,19), aimez l'union, fuyez les divisions, soyez les imitateurs de Jésus-Christ, comme lui aussi l'est de son Père " (cf. 1 Co 11,1). »


Nous voyons clairement dans ces versets que Jésus est bien distinct de son Père et qu’il lui est
 soumis et subordonné.
Dieu est le Père de Jésus. C’est Dieu qui a 
ressuscité son Fils. Jésus suit son Père.
Jésus a été 
envoyé
 par son Père et s’est rendu agréable à celui qui l’avait envoyé.
Ignace associe les presbytres à Jésus et l’évêque à Dieu.
Il demande aux chrétiens d’Ephèse d’être profondément unis comme l’Eglise est unie à Jésus-Christ et comme Jésus-Christ est uni au Père.
Enfin il encourage à être des imitateurs de Jésus-Christ 
tout comme lui est imitateur de son Père.
Ainsi donc, en toute logique un fils qui imite et suit son père, qui est uni à son père, qui a été envoyé par son père, qui fait la volonté de son père pour lui être agréable et qui finalement est ressuscité par son père est forcément subordonné à son Père, il lui est soumis et fidèle.

 


Dieu est Jésus

A côté des versets précédents qui me semblent logiques, Ignace exprime une
 confusion totale Dieu/Jésus.

Romains- Intro – « Ignace, dit aussi Théophore 2, à l’Église qui a reçu miséricorde par la magnificence du Père très haut et de Jésus-Christ son Fils unique, (donc ici deux personnes distinctes) « l’Église » bien-aimée et illuminée par la volonté de celui qui a voulu tout ce qui existe, selon la foi et l’amour pour Jésus-Christ notre Dieu (confusion totale); »
« je leur souhaite en Jésus-Christ notre Dieu toute joie irréprochable. »

Romains III :3 : « Rien de ce qui est visible n’est bon. Car notre Dieu, Jésus-Christ, étant en son Père, se fait voir davantage. »

Romains VI :3
 : « Permettez-moi d’être un imitateur de la passion de mon Dieu. »

Smyrniotes I :1 : « Je rends grâces à Jésus-Christ Dieu, qui vous a rendus si sages. »


On peut se demander si Ignace considère Jésus comme un être divin, un Dieu, auquel cas, on pourrait le comprendre ou considère-t-il que Jésus = Dieu le Père, tous deux confondus ? En état de cause, la lecture de ces passages engendre une très grande confusion.

Éphésiens VII :2 : « Il n'y a qu'un seul médecin, charnel et spirituel, engendré et inengendré, venu en chair, Dieu, en la mort vie véritable, né de Marie et né de Dieu, d'abord passible et maintenant impassible, Jésus-Christ notre Seigneur. »

IX :1 : « J'ai appris que certains venant de là-bas sont passés chez vous, porteurs d'une mauvaise doctrine, mais vous ne les avez pas laissés semer chez vous, vous bouchant les oreilles, pour ne pas recevoir ce qu'ils sèment, dans la pensée que vous êtes les pierres du temple du Père, préparés pour la construction de Dieu le Père, élevés jusqu'en haut par la machine de Jésus-Christ, qui est la croix, vous servant comme câble de l'Esprit-Saint ; votre foi vous tire en haut, et la charité est le chemin qui vous élève vers Dieu. »


Éphésiens XVIII :2 : « Car notre Dieu, Jésus-Christ, a été porté dans le sein de Marie, selon l'économie divine, né " de la race de David " (Jn 7,42 ; Rm 1,3 ; 2 Tim 2 ,8.) et de l'Esprit-Saint. Il est né, et a été baptisé pour purifier l'eau par sa passion. »

Éphésiens : XIX, 1. Le prince de ce monde (Jn 12, 31 ; 14, 30) a ignoré la virginité de Marie, et son enfantement, de même que la mort du Seigneur, trois mystères retentissants, qui furent accomplis dans le silence de Dieu.  3. Alors était détruite toute magie, et tout lien de malice aboli, l'ignorance était dissipée, et l'ancien royaume ruiné, quand Dieu apparut en forme d'homme, " pour une nouveauté de vie " éternelle (Rm 6, 4) ; ce qui avait été décidé par Dieu commençait à se réaliser. Aussi tout était troublé, car la destruction de la mort se préparait. »


Il ne fait aucun doute que ces derniers versets engendrent chez le lecteur une grande confusion. Est-ce Dieu qui est venu sur terre ? Est-ce lui qui a été fouetté et cloué sur la croix ? Qui l’a ressuscité alors ? Mais alors qui a parlé à Jésus quand il est sorti de l’eau au moment de son baptême ? Qui Jésus/Dieu a-t-il prié ?

 


 La Foi et les Œuvres  

Éphésiens IV :2 : « vous chantiez d'une seule voix par Jésus-Christ un hymne au Père, afin qu'il vous écoute et qu'il vous reconnaisse, par vos bonnes œuvres »

Éphésiens XIV :1 : « XIV, 1. Rien de tout cela ne vous est caché, si vous avez parfaitement pour Jésus-Christ la foi et la charité, qui sont le commencement et la fin de la vie : le commencement, c'est la foi, et la fin, la charité (cf. 1 Tm 1, 5). Les deux réunies, c'est Dieu, et tout le reste qui conduit à la perfection de l'homme ne fait que suivre. 2. Nul, s'il professe la foi, ne pèche ; nul, s'il possède la charité, ne hait. " On connaît l'arbre à ses fruits " (Mt. 12, 33) : ainsi ceux qui font profession d'être du Christ se feront reconnaître à leurs œuvres. Car maintenant l'œuvre qui nous est demandée n'est pas simple profession de foi, mais d'être trouvés jusqu'à la fin dans la pratique de la foi.»


Ignace montre ici que Foi et Œuvres sont indissociables et parle de « la pratique de la foi ».

 


L’espérance

Polycarpe II :3 : « le prix, c’est l’incorruptibilité et la vie éternelle, dont toi aussi tu es convaincu. »
Tralliens Introduction : « espoir pour nous d’une résurrection « qui nous conduira » à lui »

Romains VI :1 : « 1. Rien ne me servira des charmes du monde ni des royaumes de ce siècle. Il est bon pour moi de mourir (cf. 1Co 9.15) « pour m’unir » au Christ Jésus, plus que de régner sur les extrémités de la terre. »


L’espérance d’Ignace est la résurrection vers la vie éternelle et incorruptible aux côtés de Jésus.

 



La rançon

Ignace parle de sa mort comme d’une rançon donnée en sacrifice pour ses compagnons chrétiens.

Polycarpe II :3 : « En tout, je suis pour toi une rançon, et ces liens que tu as aimés. »

Éphésiens XXI, 1. « Je suis votre rançon, pour vous et pour ceux que, pour l'honneur de Dieu, vous avez envoyés à Smyrne »

Tralliens  XIII : 3. « Mon esprit se sacrifie pour vous, non seulement maintenant, mais aussi quand j’arriverai à Dieu. Je suis encore exposé au danger, mais il est fidèle, le Père, en Jésus-Christ, pour exaucer ma prière et la vôtre; puissiez-vous en lui être trouvés sans reproche. »


 


Le martyr d’Ignace

Ignace emploie des termes assez crus pour décrire son martyr.

Romains IV :1 : « 1. Moi, j’écris à toutes les Églises, et je mande à tous que moi c’est de bon cœur que je vais mourir pour Dieu, si du moins vous vous ne m’en empêchez pas. Je vous en supplie, n’ayez pas pour moi une bienveillance inopportune. Laissez-moi être la pâture des bêtes, par lesquelles il me sera possible de trouver Dieu. Je suis le froment de Dieu, et je suis moulu par la dent des bêtes, pour être trouvé un pur pain du Christ. »

Romains V :3 : « 3. Pardonnez-moi ; ce qu’il me faut, je le sais, moi. C’est maintenant que je commence à être un disciple. Que rien, des êtres visibles et invisibles, ne m’empêche par jalousie, de trouver le Christ. Feu et croix, troupeaux de bêtes, lacérations, écartèlements, dislocation des os, mutilation des membres, mouture de tout le corps, que les pires fléaux du diable tombent sur moi, pourvu seulement que je trouve Jésus-Christ. »

 



Conclusion

Si l’on récapitule les exhortations d’Ignace d’Antioche à l’égard des 6 églises et de Polycarpe, on peut faire ressortir quelques phrases incitant clairement au totalitarisme et à la création d’un clergé élitiste avec un évêque au sommet de la hiérarchie pour chaque église. Un évêque qui doit être honoré, vénéré et qui tient la place de Dieu lui-même !

« Quand vous vous soumettez à l’évêque comme à Jésus-Christ, je vous vois vivre selon Jésus-Christ qui est mort pour nous »
« Il est nécessaire de ne rien faire sans l’évêque ».
« Que tous révèrent les diacres comme Jésus-Christ et l’évêque qui est à l’image du Père, les presbytres comme l’assemblée des Apôtres. »
« Celui qui agit en dehors de l’évêque, du presbyterium et des diacres, celui-là n’est pas pur de conscience. »
« Il est bon de reconnaître Dieu et l'évêque. Celui qui honore l'évêque est honoré de Dieu ; celui qui fait quelque chose à l'insu de l'évêque sert le diable. »
« Ayons donc soin de ne pas résister à l'évêque, pour être soumis à Dieu. »
« Donc il est clair que nous devons regarder l'évêque comme le Seigneur lui-même. »
« Accordez toute vénération à votre évêque »
« ayez à cœur de faire toutes choses dans une divine concorde, sous la présidence de l'évêque qui tient la place de Dieu, des presbytres qui tiennent la place du sénat des Apôtres »
« , je vous en conjure, ayez à cœur de faire toutes choses dans une divine concorde, sous la présidence de l'évêque qui tient la place de Dieu, des presbytres qui tiennent la place du sénat des Apôtres, et des diacres qui me sont si chers »
« ne faites rien sans l'évêque et les presbytres »
« s'il se fait connaître à d'autres qu'à l'évêque, il est corrompu. »
«  Car tous ceux qui sont à Dieu et à Jésus-Christ, ceux-là sont avec l'évêque ; »
« Attachez-vous à l’évêque, pour que Dieu aussi s’attache à vous. J’offre ma vie pour ceux qui se soumettent à l’évêque, aux prêtres, aux diacres »
.


Il est bien regrettable que ces églises reçoivent de tels conseils, en particulier les Corinthiens et les Éphésiens qui avaient auparavant bénéficié des conseils de l’apôtre Paul.

1 Corinthiens 16 :15, 16 : « 15 Voici encore une recommandation, frères et sœurs. Vous savez que la famille de Stéphanas est le premier fruit de l'Achaïe et qu'elle s'est consacrée au service des saints. 16 Soumettez-vous à de telles personnes ainsi qu'à tous ceux qui travaillent et peinent avec elles. »

Il n’y a là aucune trace d’un épiscopat monarchique ou d’une autorité supérieure accordée à un individu. Il plutôt parlé de se soumettre à ceux qui travaillent dur et qui peinent.

Dans sa lettre aux Éphésiens, à aucun moment, Paul ne demande aux chrétiens d’obéir à une personne en particulier. Au contraire, il leur dit :

Éphésiens 3 :12 : « C'est en Christ, par la foi en lui, que nous avons la liberté de nous approcher de Dieu avec confiance. »

Éphésiens 4 : 15, 16 : « 15 Mais en disant la vérité dans l'amour, nous grandirons à tout point de vue vers celui qui est la tête, Christ. 16 C'est de lui que le corps tout entier, bien coordonné et solidement uni grâce aux articulations dont il est muni, tire sa croissance en fonction de l'activité qui convient à chacune de ses parties et s'édifie lui-même dans l'amour. »


Quelle différence avec Ignace d’Antioche qui instaure presque une dictature… !


Ignace a montré que Foi et Œuvres sont indissociables et parle de « la pratique de la foi », ce qui est conforme au reste des Écritures.


Ses mises en garde contre les hérésies, notamment le docétisme, sont totalement justifiées. Mais Ignace ne semble pas se rendre compte qu’il joue lui-même un rôle important dans la corruption du christianisme originel tel qu’il était enseigné par Jésus et les apôtres. En effet, il encourage vivement l’établissement d’un clergé hiérarchisé avec des hommes qui acquièrent de plus en plus de pouvoir ce qui aura des conséquences terribles tout au long de l’histoire.

Il commence également à 
confondre Dieu et Jésus ce qui, encore à notre époque, constitue une confusion terrible dans l’esprit de la plupart des chrétiens qui ne savent pas exactement qui est Dieu et qui est Jésus.

Enfin, le terme « rançon » a été utilisé pour décrire le sacrifice de Jésus pour l’humanité. Et il n’est pas correct de se l’approprier pour soi car aucun sacrifice, aussi courageux soit-il, ne pourra jamais servir de rançon à personne.

Lettre d'Ignace d'Antioche aux Éphésiens

Lettre d'Ignace d'Antioche aux Magnésiens

Lettre d'Ignace d'Antioche aux Philadelphiens

Lettre d'Ignace d'Antioche aux Romains

Lettre d'Ignace d'Antioche aux Tralliens

Lettre d'Ignace d'Antioche aux Smyrniotes

Lettre d'Ignace d'Antioche à Polycarpe

 


Olivier                                                                        Pour laisser un commentaire, c'est ici !

 

Sauf indication spéciale, les versets ont été tirés de la traduction Segond 21 


Ignace d'Antioche a encouragé la création d’un clergé élitiste avec un évêque au sommet de la hiérarchie pour chaque église. Un évêque qui doit être honoré, vénéré et qui tient la place de Dieu lui-même.

Photo- Filippo Monteforte Agence France-Presse