Justin Martyr de Naplouse - Dialogue avec Tryphon


Justin Martyr de Naplouse - Dialogue avec Tryphon


 

L’Apologie de Justin Martyr concerne cette fois les Juifs.
Tryphon est le nom d’un rabbin. Selon Eusèbe, ce dialogue s’est déroulé dans la ville d’Ephèse. Ce texte est le plus ancien dialogue entre chrétiens et Juifs que nous ayons conservé. Il se déroule sur un ton plutôt cordial et pourtant Justin n’hésite pas, comme à son habitude, à accuser ses auditeurs.

La discussion est centrée sur 
Jésus-Christ, le Messie promis dans de très nombreuses prophéties de l’Ancien Testament que les Juifs connaissent sans les comprendre.

L’Apologie de Justin a été écrite avec moins de finesse que celle d’Aristide d’Athènes.



 Les Juifs sont coupables

« 1 En fait d'outrages contre le Christ et contre nous qui sommes sortis de lui, aucune nation ne s'est rendue ami coupable que la vôtre ; vous êtes les auteurs des préventions et des calomnies qui nous poursuivent partout. Vous avez mis en croix le seul juste, le seul innocent, celui dont les blessures guérissent l'homme qui veut, par lui, aller à Dieu son père. »- (XVII)

« 1 Et après tous ces prodiges, vous vous êtes fait un veau d'or; c'est aux filles des étrangers que vous avez livré vos cœurs, c'est à des idoles que vous avez porté votre encens; et cependant vous avez vu par quels prodiges la terre promise vous a été livrée; » - (CXXXII)

« 1 Vous avez eu sous les yeux, à diverses époques, ces prodiges et d'autres semblables, et c'est vous cependant que les prophètes accusent d'immoler vos enfants aux démons, et d'ajouter à ces crimes les crimes les plus affreux encore que vous avez commis et que vous commettez tous les jours contre le Christ. » - (CXXXIII)

 

« 6 Oui, votre main est encore étendue pour faire le mal. Vous avez mis à mort le Christ; loin d'en faire pénitence, vous nous poursuivez de votre haine, ainsi que je l'ai déjà dit, nous qui, par le Christ, croyons maintenant au Dieu créateur et père de toutes choses; et toutes les fois que vous le pouvez, vous ne manquez pas de nous mettre à mort. Avez-vous jamais cessé de charger de malédictions et le Christ, et tous ceux qui sortis de lui portent son nom? Quant à nous autres, nous ne savons que prier pour vous ri pour tous les hommes: ainsi nous l'a recommandé le Christ, notre divin maître; il nous a fait une loi de prier pour nos ennemis, d'aimer ceux qui nous détestent, de bénir aux qui nous maudissent. » - (CXXXIII)

« 1 Si sa doctrine et celle des prophètes touchent vos cœurs, suivez plutôt la voix de Dieu que la voix mensongère de ces maîtres aveugles et insensés qui vous permettent encore maintenant d'avoir quatre ou cinq femmes à la fois; s'il s'en rencontre une dont la beauté les frappe, ils la désirent. Ils citent l'exemple de Jacob, surnommé Israël, et l'histoire des autres patriarches, et disent qu'ils ne font pas de mal en les imitant. Qu'ils sont insensés et dignes de pitié! » - (CXXXIV)

Les Écritures ont été modifiées par les Juifs
« 5 Tryphon me répondit : — Dieu seul peut savoir si les princes du peuple ont retranché, comme vous le dites, quelque passage des Écritures; du reste, la chose me paraît incroyable. (…)mais supposez que je ne vous ai point parlé des passages qu’ils ont frauduleusement supprimés,»- (LXXIII)



 Les observances de la Loi ont été données aux Israélites pour s'assurer leur obéissance

Pour Justin, les prescriptions de la Loi et ses sacrifices n’ont été donnés au peuple hébreu 
que pour éviter qu’il ne sombre dans l’idolâtrie. Tous ces rituels ne seraient donc pas chargés de sens symbolique et n’auraient pas d’objectif plus élevé que de s'assurer de l’obéissance des Israélites. Cette idée est retrouvée chez plusieurs Pères de l’Eglise et chez le savant juif Maïmonide.

« 4 Dans le principe, Dieu vous avait prescrit toutes les observances, uniquement à cause de votre perversité. Eh bien! c'est à raison de votre persévérance dans la même voie, ou plutôt de votre intention d'y persévérer, qu'il se sert encore des mêmes pratiques pour vous obliger à vous souvenir de lui et à le reconnaître. Vous êtes, ainsi qu'il le dit, un peuple au cœur dur et Insensé, un peuple aveugle et incertain dans ses voies, des enfants d'incrédulité qui ne l'adorez que des lèvres et dont le cœur est si loin de lui, qui enseigne votre doctrine et non la sienne. » - (XXVII)

« Car tous ces justes que je viens de nommer n’ont pas observé le sabbat et cependant ils ont plu à Dieu, aussi bien que ceux qui les ont suivis, Abraham et tous ses fils jusqu’à Moïse, sous qui on vit votre peuple injuste et ingrat envers Dieu, fabriquer un veau dans le désert. Voilà pourquoi Dieu s’est adapté à ce peuple ; il a ordonné qu’on lui offrît des sacrifices comme en son nom, pour que vous n’idolâtriez point. Ce que vous n’avez même pas observé, puisque vous avez sacrifié aux démons jusqu’à vos enfants. » -(XIX)

« Mais si Dieu vous a obligés d'observer le jour du sabbat, de lui offrir des présents; s'il a souffert qu'un lien particulier fût appelé de son nom, vous êtes forcés de reconnaître qu'il l'a fait pour vous empêcher de l'oublier et de tomber dans l'idolâtrie; et si vous ne le reconnaissiez pas, vous seriez des impies et des athées, reproche que ce silence vous a toujours mérité, 5 ainsi qu'il est évident; oui, dis-je, c'est pour ce motif que Dieu vous a prescrit le sabbat, qu'il a exigé de vous des offrandes » - (XCII)

« 1 Comme la circoncision avait commencé à Abraham, le sabbat, les sacrifices, les offrandes, les fêtes à Moïse, n'étaient établis qu'en raison de la dureté de votre cœur, ainsi que nous l'avons démontré; elles devaient finir à la venue de celui qui, d'après la volonté de Dieu le père, est né d'une vierge de la race d'Abraham, de la tribu de Juda et du sang de David, je veux dire à la venue du Christ, le fils de Dieu, annoncé au monde entier comme la loi nouvelle, le testament nouveau qui doit paraître un jour, ainsi que le prouvent les différents oracles que nous avons déjà cités. » - (XLIII)

 

Si l’observance de la Loi était dépourvue de sens profond et n’avait comme objectif que de soumettre la nation d’Israël pour éviter qu’elle ne dérive vers l’idolâtrie, il me semble que la désobéissance punie de mort peut réellement sembler disproportionnée. Obéir, juste pour obéir sans savoir pourquoi ou juste par crainte de la punition ne me semble pas être la meilleure des motivations.
Par ailleurs, n’est-ce pas sous-estimer le Souverain de l’univers de croire qu’il aurait imposé une Loi complexe uniquement pour soumettre et non pour 
préparer à quelque chose de plus grand : la venue de Jésus-Christ ?
Il fallait que le peuple d’Israël comprenne le principe de l’équivalence et le principe du rachat par le sang afin d’apprécier à sa juste valeur le sacrifice de Jésus-Christ qui rachète ce qu’Adam avait perdu. Les deux agneaux sans défaut offerts quotidiennement 
préfiguraient le sacrifice de Jésus-Christ et son sang parfait versé pour notre salut. Le sabbat devait leur permettre d’accorder de l’importance et de consacrer du temps aux choses spirituelles.
Les différentes célébrations de l’année 
préfiguraient des évènements bien plus importants du dessein de Dieu et concernant cette fois-ci tous les peuples. L’étude de ces célébrations montre que rien n’est laissé au hasard dans le dessein de Dieu et chaque élément rituel a une signification prophétique extraordinaire!

Lien - célébrations annuelles des Israélites

Je n’approuve donc absolument pas le raisonnement de Justin de Naplouse !

« 7 Mais, Tryphon, puisque vous revenez sur ce que vous avez admis, répondez-moi : les justes et les patriarches qui ont vécu avant Moïse, et qui par conséquent n'ont pu observer une loi que l'Écriture ne fait remonter qu'à lui, seront-ils sauvés, auront-ils part ou non à l'héritage des saints?
8 — Ils seront sauvés, répondit-il, les Écritures m'obligent de l'admettre.
— J'ai une autre question à vous faire, lui dis-je : est-ce parce qu'il en avait besoin, que Dieu a commandé à vos pères de lui offrir des présents et des victimes? Ou bien était-ce à cause de la dureté de leur cœur et de leur pente vers l'idolâtrie?
— Les Écritures me forcent encore ici d'être de votre avis.
9 Alors je repris : — Dites-moi si Dieu avait promis ou non de donner un Testament nouveau, après celui qui fut donné sur le mont Oreb.
Il me répondit que les Écritures l'annonçaient formellement. 
» - (LXVII)

Je reste dubitatif sur les réponses de Tryphon, j’imagine mal un Juif parler avec autant d’humilité face à un chrétien, sachant que les chrétiens étaient alors persécutés par les Juifs depuis la mort de Jésus…



 Une  nouvelle Loi bien meilleure abroge la Loi mosaïque

Tryphon reproche aux chrétiens de ne pas respecter les prescriptions de la Loi : « En effet, vous n'observez ni les fêtes, ni le sabbat, ni la circoncision; vous placez votre espérance dans un crucifié, vous ne suivez aucun des préceptes du Seigneur, et vous osez attendre de lui des récompenses ! Ne lisez-vous pas, dans le Testament qu'il nous a donné, que tout homme qui n'aura pas été circoncis le huitième jour périra d'entre son peuple? La loi comprend jusqu'aux étrangers qui vivent parmi nous, jusqu'aux esclaves que l'on achète. » - (X)

Justin de Naplouse lui répond :

« 
Vous ignorez pourquoi votre sabbat, votre circoncision ont été établis. » (XII)

« 3 Vous recevez la circoncision de la chair et vous ne connaissez pas la plus nécessaire, celle du cœur; » - (XIX)
« 2 J'ai lu dans les Écritures que Dieu devait donner une nouvelle loi, un autre Testament qui ne serait jamais aboli; c'est cette loi, c'est ce Testament que doivent désormais observer ceux qui veulent avoir part à l'héritage céleste. La loi donnée sur le mont Horeb est ancienne, elle était pour vous seuls; la nouvelle est pour tous les peuples. Substituée à la première, elle l'abroge entièrement, comme le Testament nouveau abolit celui qui le précède. Cette loi tout à la fois éternelle et nouvelle, cet autre Testament qui doit toujours durer, après lequel il n'y a plus ni loi, ni précepte qui oblige, c'est le Christ. 3 N'avez-vous jamais lu cette parabole d'Isaïe:
« Écoutez, ô mon peuple, et vous rois de la terre, prêtez l'oreille à ma voix : la loi sortira de ma bouche, ma justice éclairera les peuples; le juste approche, le Sauveur s'avance, les nations espéreront en moi. »"
Voilà pour la loi. C'est ainsi que le Seigneur parle du Testament par la bouche de Jérémie :
« Voici que les jours viennent, je donnerai un Testament nouveau à la maison d'Israël et à celle de Juda; ce n'est plus celui que j'avais donné à leurs pères, lorsque je les pris par la main pour les tirer de la terre d'Égypte. »
4 Puisque Dieu avait annoncé qu'il donnerait un Testament nouveau, et que ce Testament serait la lumière des nations; puisque nous voyons les peuples, au nom de Jésus crucifié, abandonner les idoles et toutes les autres voies iniques pour venir au vrai Dieu; puisque rien, pas même l'aspect de la mort, ne peut les détacher de son culte et les empêcher de confesser son nom, n'avez-vous pas une preuve certaine, d'après les œuvres et les miracles qui s'opèrent, que la nouvelle loi, le nouveau Testament, l'espérance de ceux qui, parmi les nations, attendent l'héritage promis, c'est Jésus-Christ lui-même ? 5 Nous sommes aujourd'hui la race spirituelle et véritable d'Israël, de Juda, de Jacob, d'Isaïe et d'Abraham qui reçut de Dieu la circoncision, en témoignage de sa foi, qui fut béni et appelé le père d'un grand nombre de nations. Oui, dis-je, nous formons la race sainte qui lui fut promise, nous qui n'avons connu le vrai Dieu que par Jésus crucifié, comme la suite de cette discussion le fera voir. »
 (XI)

« 1 Mais ce n'est pas à de semblables ablutions que vous renvoie Isaïe, pour vous purifier du meurtre ou d'autres crimes semblables; toute l'eau de la mer ne serait pas capable de les effacer. Mais il annonçait déjà le seul bain salutaire, le seul véritable, celui de la pénitence, ce baptême qui purifie non par le sang des boucs et des brebis, ou par le sacrifiée d'une génisse, ou par une offrande de farine, mais par la foi au sang de celui qui est mort pour expier le péché. » - (XIII)



 La circoncision servait de signe, elle n’est pas un moyen de salut

« 5 Mais les femmes ne peuvent recevoir la circoncision, preuve certaine qu'elle a été donnée uniquement comme signe et non comme moyen de salut; car Dieu a fait la femme capable d'observer tous les préceptes de justice et de vertu. Nous voyons à la vérité entre elle et l'homme une conformation différente: toutefois nous savons bien qu'ils ne sont ni l'un ni l'autre justes ou injustes à cause de cette différence, mais qu'ils sont également nés pour la justice et la vertu. » - (XXIII)

Pour Justin de Naplouse, la circoncision servait de signe, elle n’est pas un moyen de salut, la preuve, les femmes ne peuvent subir la circoncision et pourtant elles hériteront du salut.

 

 

 Dieu et Jésus

Justin a une juste compréhension de Dieu et de sa position par rapport à Jésus, son Fils.
Il explique que les chrétiens adorent le même Dieu que les Juifs, il ne s’agit donc pas d’un Dieu trinitaire puisqu’il est clairement dit à plusieurs reprises dans les Écritures que YHWH ou Jéhovah Dieu est UN et qu’il n’existe personne d’autre comme Lui.
Jésus-Christ est en seconde position après son Père, mais placé à la tête des anges. Il obéit en tout à son Père
L’Auteur de l’univers, le Père, le Dieu incréé, le Souverain maître de toutes choses au-dessus duquel il n’y a pas de Dieu, celui qu’on appelle Jéhovah dans l’Ancien Testament, occupe seul la première place dans l’univers.  

 

Alléluia signifie: Louez Jéhovah - L'unique Dieu, Souverain de l'univers. Jéhovah est UN- il n'y en a pas d'autre.

Alléluia = Louez Jéhovah !


Jésus, le Dieu à qui obéissent les anges, le Fils de l’homme, a reçu le Royaume de la part de son Père pour des siècles.

« 1 Je repris en ces termes : Le seul Dieu véritable, Tryphon, celui qui a toujours été et qui sera toujours, c'est l'auteur de cet univers et du bel ordre qu'on y admire. Nous n'avons pas un autre Dieu que le vôtre, nous adorons avec vous celui dont la main puissante à tiré vos pères de la terre d'Égypte; c'est en lui que nous espérons comme vous, car il n'y en a point d'autre : c'est le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. » - (XI)

« Quand je ne pourrais vous démontrer que Jésus-Christ est le fils de Dieu créateur de toutes choses, qu'il existe avant les siècles, qu'il est Dieu lui-même en même temps qu'il est homme né d'une vierge, 3 il n'en resterait pas moins démontré qu'il est le Christ de Dieu. Après vous l'avoir prouvé comme je l'ai fait, si je ne vous démontrais pas aussi clairement ce que je viens d'ajouter, c'est-à-dire qu'il a précédé les siècles, qu'il a voulu prendre une chair, se faire homme et tout souffrir pour obéir à la volonté de son père, tout ce que vous pourriez dire, c'est que je me trompe sur ce point ; mais vous ne pourriez vous refuser à reconnaître en lui le Christ promis. » - (XLVIII)

« (…) d'après leur témoignage la vérité de ce que j'avance, c'est-à-dire qu'après le créateur de l'univers, il existe une autre personne qu'on appelle Dieu et Seigneur, et qui est réellement l'un et l'autre; elle est aussi parfois désignée sous le nom d'ange, parce qu'elle annonce aux hommes tout ce que veut leur annoncer le Dieu créateur, au-dessus duquel il n'est pas d'autre Dieu. » - (LVI :4).

« J'admire ici, Tryphon, votre piété, et je vous demande de la reporter avant tout sur le Dieu à qui obéissent les anges, et que Daniel nous montre comme le Fils de l'homme devant le trône de l'ancien des jours, recevant de lui l'empire pour les siècles des siècles. » - (LXXIX)

«  pour vous convaincre, dis-je, que ce n'est pas le Dieu incréé qui est descendu ou monté de quelqu'endroit. 2 Car le père, le souverain maître de toutes choses, dont le nom est inénarrable, ne va pas d'un lieu à un autre, il ne marche, ni ne dort ; » - (CXXVI)

Cependant, pour Justin, le 
Nom de Dieu est inénarrable ou inexprimable ou ineffable comme le croyaient les Juifs.
On peut se demander si cette croyance était générale sachant que les Pères de l’Eglise dans leur quasi-totalité n’ont jamais utilisé le Nom divin dans leurs écrits.



 Le sang du Christ est le salut du genre humain

Justin ne parle que très peu du rachat par le sang parfait de Jésus, ce qui est étonnant car le rachat de l’humanité par le sang parfait du Messie, Jésus-Christ, est le thème central de la Bible. Il semble toutefois avoir compris le principe.

 

« de même que le sang de l'agneau pascal a sauvé les Hébreux qui étalent en Egypte, de même le sang du Christ sauvera de la mort ceux qui croiront en lui. 4 Mais pourquoi ce sang mis sur les portes ? Est-ce que, sans cette marque, la main de Dieu se serait trompée ? Mon, assurément; tout ce que je veux dire, c'est que Dieu annonçait par là que le sang du Christ serait le salut du genre humain.
Le ruban de pourpre que les espions envoyés par Jésus, fils de Navé, donnèrent à la courtisane Rahab, de la ville de Jéricho, en lui recommandant de le suspendre à la fenêtre par laquelle elle les fit descendre pour les soustraire à l'ennemi, figurait également le sang du Christ qui, chez tous les peuples, remet les iniquités, et devient le gage du salut pour les hommes injustes et adultères qui cessent de retomber dans le péché. »
 - (CXI)



 Le Second Avènement du Christ

Justin parle à de nombreuses reprises du 
Retour du Christ ou Second Avènement.

« 8 J'ajoutai : Ainsi donc, Tryphon, dans ces prophéties et d'autres semblables, vous trouvez des choses qui se rapportent les unes au premier avènement du Christ quand il parut sous une forme mortelle, sans gloire, et sans beauté; les autres à son second avènement, lorsqu'il viendra sur les nuées du ciel avec majesté, et que vous verrez, que vous reconnaîtrez celui que vous avez percé, ainsi que Daniel, ainsi qu'Osée, l'un des douze prophètes, l'ont prédit. » - (XIV)

« 1 Si telle est la force attachée aux mérites de ses souffrances, quelle est donc celle qu'il déploiera lors de son glorieux avènement?
Il viendra du haut des nuées comme le Fils de l'homme, a dit Daniel, et les anges formeront son cortège. 2 Écoutez les paroles du prophète :
« Je regardai jusqu'à ce que les trônes furent placés, et l'ancien des jours s'assit; son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête comme une laine pure, son trône comme la flamme du feu, et ses roues comme un feu ardent, et un fleuve de feu sortait rapidement de sa face, mille millions le servaient, et dix mille millions étaient devant lui. Le jugement s'assit et les livres furent ouverts. 3 Je regardais à cause de la voix des grandes paroles que la corne proférait, et je vis que la bête fut tuée et que son corps fut déchiré et fut livré pour être dévoré par le feu, et que la puissance des autres bêtes leur fut ôtée, et que le temps de la vie leur fut donné jusqu'à un certain jour et un temps marqué. Je regardais donc en la vision de la nuit, et voici comme le fils de l'homme qui venait sur les nuées du ciel, et il s'avança jusqu'à l'ancien des jours, et on l'offrit en sa présence, 4 et il loi donna la puissance, l'honneur, et l'empire; et tous les peuples, tribus et langues, le servirent. Sa puissance est une puissance éternelle qui ne sera pas transférée, et son règne ne sera point affaibli. »
 - (XXXI)

« et que devenus ses disciples, vous obteniez le salut au jour de son second avènement, lorsqu'il apparaîtra dans toute sa gloire, au lieu d'entendre de sa bouche la sentence qui vous condamnerait à un feu éternel. »- (XXXV)

Justin enseignait le retour ou second avènement du Christ, dans la gloire avec ses saints anges.

 

« 4 Et ces deux boucs, entièrement pareils, que la loi ordonne d'offrir les jours de jeûne, dont l'un était envoyé dans le désert et Vautre immolé, ne représentent-ils pas les deux avènements de Jésus-Christ? le premier, lorsque les anciens du peuple et les prêtres traitèrent Jésus-Christ comme on traitait le bouc émissaire, car ils l'ont traîné hors de la ville, ils ont porté sur lui leurs mains, ils l'ont dévoué à la mort; le second, lorsque vous reconnaîtrez, dans le lieu même de Jérusalem, ce Jésus que vous avez accablé d'outrages, et qui était la victime de propitiation pour tous ceux qui veulent faire pénitence, » - (XL)

« Eh bien, repris-je, si nous sommes obligés, d'après l'Écriture, de reconnaître que les prophètes ont prédit deux avènements du Christ, l'un qui le fera voir sans éclat, sans beauté, exposé à toutes les douleurs; l'autre, qui nous le montrera environné de gloire et s'avançant comme le juge de tous les hommes, ainsi que nous l'avons prouvé plus haut par tant d'endroits de l'Écriture, comment ne pas voir qu'il s'agit du second avènement dans ces mots de jour grand et terrible, et que c'est de ce dernier avènement qu'Élie est annoncé comme précurseur? » - (XLIX)
« 1 Le patriarche Jacob avait aussi prédit les deux avènements du Christ; il avait annoncé qu'on le verrait dans le premier en proie à la douleur, et qu'ensuite il n'existerait plus chez vous ni rois, ni prophètes; que les gentils, pleins de foi en Jésus souffrant et humilié, vivraient dans l'attente de son second avènement. C'est bien là ce que l'esprit prophétique exprimait d'une manière symbolique et mystérieuse. 2 Alors je rapportai ses propres paroles:
« Juda, tes enfants te loueront; ta main sera sur la tête de tes ennemis ; les enfants de ton père s'humilieront devant toi. Juda est comme un jeune lion. Mon fils, tu t'es levé peur le butin, et dans ton repos tu dors comme le lion et la lionne : qui osera le réveiller ? Le sceptre ne sortira pas de Juda, ni le prince de sa postérité, jusqu'à ce que vienne celui à qui appartient le sceptre, et qui est l'attente des nations. Il liera son ânon à la vigne, à la vigne, le fils de son ânesse ; et il lavera son manteau dans le vin, et sa robe dans le sang de la vigne. Ses yeux seront plus rouges que le vin et ses dents plus blanches que le lait. »
3 Or, depuis les premiers temps jusqu'à l'époque où Jésus-Christ est né et a souffert, votre nation a toujours eu des princes et des prophètes. Vous n'oseriez, vous ne pourriez soutenir le contraire. Si vous dites qu'Hérode, sous le règne duquel Jésus-Christ a souffert, était d'Ascalon, vous convenez cependant qu'il y avait chez vous un prince des prêtres. Vous aviez donc même alors un pontife qui offrait des sacrifices selon la loi de Moïse, et qui en suivait toutes les observances, tandis que la succession des prophètes se continuait jusqu'à Jean, qui fut le dernier, comme elle s'était perpétuée jusqu'à l'époque où la terre de Juda fut ravagée, les vases sacrés enlevés, votre peuple emmené captif à Babylone. La nation eut toujours quelques prophètes qui en étaient comme les maîtres, les chefs, les princes. L'esprit qui était en eux sacrait les rois et les établissait sur vous. 4 Mais, depuis que notre Seigneur Jésus-Christ a paru au milieu de votre peuple et que vous l'avez mis à mort, vous avez cessé d'avoir des prophètes. La nation n'a plus de rois, votre pays est entièrement dévasté et ressemble à une demeure abandonnée. La prédiction des deux avènements du Christ se trouve dans ces paroles de Jacob : Il sera l'attente des nations. Elles annoncent d'une manière mystérieuse que les gentils croiront en lui. Et vous le voyez, de toutes les nations nous formons un nouveau peuple, un peuple saint qui adore le vrai Dieu par la foi en Jésus-Christ, dont nous attendons le second avènement. »
 - (LII)

« Tressaille d'allégresse, fille de Sion ! pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! voilà que ton roi viendra vers toi, juste et sauveur, doux et pauvre, monté sur une ânesse et sur le fils de l'ânesse. »
4 Remarquez ces paroles de l'Esprit saint, qui dit formellement comme le patriarche Jacob, que le Christ se servira de l'ânesse et de l'ânon, et l'ordre donné par Jésus-Christ de les amener l'un et l'autre, et vous comprendrez ce que signifiait cette ânesse. N'était-ce pas la figure de ceux de la synagogue qui devaient un jour, comme les gentils, croire en lui?
Car, de même que l'ânon inaccoutumé au joug représentait les gentils, de même l'ânesse habituée à porter le bât figurait la nation juive. La loi donnée par les prophètes, qu'était-ce autre chose qu'un joug qui vous était imposé?» 
- LIII



 Le règne millénaire du Christ

Justin avait compris que le Second Avènement du Christ surviendra au temps de la fin quand l’antichrist arrogant aura infligé de cruelles persécutions aux chrétiens. Débutera alors un règne de 1000 ans au cours duquel, Jésus jugera les vivants et les morts, ressuscitera les corps, dirigera la terre avec justice, procurant un travail satisfaisant pour chacun. La paix règnera sur la terre y compris entre les humains et les animaux. L’allégresse et l’abondance couvriront la terre.

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« d'après toutes les paroles de l'Ecriture, que deux avènements du Christ nous sont prédits : l'un, dans lequel il sera sans gloire, homme de douleur, couvert d'ignominie , et enfin crucifié ; l'autre, où il descendra du ciel dans tout l'appareil de sa majesté, quand l'homme de la défection, l'antéchrist, élevant sur la terre une voix orgueilleuse contre le Tout-Puissant lui-même, se portera à d'affreux excès contre nous autres Chrétiens qui nous sommes jetés entre les bras du Dieu de Jacob, du Dieu d'Israël, » - (CX)

« Je me suis attaché à vous prouver que le Christ devait aussi juger les vivants et les morts. » - (CXVIII)
« Mais, pour moi et pour les Chrétiens dont la doctrine est pure sur tous les points, nous savons qu'il y aura une résurrection des corps, que nous passerons mille ans dans Jérusalem rebâtie, embellie, agrandie, comme nous le promettent Isale, Ezéchiel, et d'autres prophètes. » - (LXXX)
« 1 — Écoutez ce que dit Isaïe sur ce règne de mille ans :
« Je vais créer de nouveaux cieux et de nouvelles terres, et le passé ne sera plus dans ma mémoire et ne s'élèvera plus sur mon cœur. Réjouissez-vous pour l'éternité, soyez dans l'allégresse; je vais créer une Jérusalem toute de délices, et un peuple pour la joie. J'aimerai mon peuple, je trouverai ma joie dans Jérusalem. On n'y entendra plus ni plainte, ni clameur, on n'y verra point de vieillard ou d'enfant qui n'accomplisse ses jours; la vie de l'enfant sera aussi précieuse que celle du vieillard, et le pécheur à tous les âges sera maudit. 2 Mon peuple bâtira des maisons et les habitera, il plantera des vignes et en recueillera le fruit. Mes élus n'abandonneront plus leur maison et leurs vignes à des étrangers. Les jours de mon peuple égaleront les jours des plus grands arbres. Les œuvres de ses mains ne vieilliront jamais. Ses travaux ne seront pas vains. Les femmes n'enfanteront plus dans le trouble. Race bénie du Seigneur, leur postérité le sera avec eux. Je les exaucerai avant leur prière et je les écouterai encore. Le loup et l'agneau joueront ensemble, le lion et le taureau iront aux mêmes pâturages, la poussière sera l'aliment du serpent. Aucun de ces animaux, dit le Seigneur, ne nuira ni ne donnera la mort, sur toute la montagne sainte. »
Ces paroles :
3 « Les jours de mon peuple égaleront les jours des plus grands arbres, et les œuvres de ses mains ne vieilliront jamais, »
ne semblent-elles pas désigner d'une manière mystérieuse une durée de mille ans? Il fut dit à Adam qu'il mourrait, le jour même qu'il aurait mangé du fruit défendu, et nous savons qu'il vécut près de mille ans? C'est qu'en effet, aux yeux du Seigneur, mille ans sont comme un jour, et ces mots du prophète trouvent encore ici leur application. » 
- (LXXXI.)

« 6 Quel est l'héritage du Christ? Ne sont-ce pas les gentils? Quel est le testament de Dieu? N'est-ce pas le Christ lui-même? Ainsi qu'il le dit encore dans un autre endroit :
« Tu es mon fils, je t'ai engendré aujourd'hui ; demande-moi les nations et je te les donnerai en héritage ; les confins de la terre seront les bornes de ton empire. 
» - (CXXII)

« ce Jésus crucifié, ressuscité, monté aux cieux, et qui doit venir un jour juger tous les hommes, sans excepter Adam lui-même. » - (CXXXII :1)

« Alors arriva le Christ, revêtu de la force du Tout-Puissant ; il les invita tous également à faire pénitence, à entrer dans son amitié, dans sa bénédiction, dans son alliance, et promit que tous les saints seraient mis un jour en possession d'une même terre, ainsi que je l'ai déjà dit.
5 Aussi les hommes de toutes conditions, libres ou esclaves qui croient au Christ et professent la vérité qu'ils ont reçue de lui et des prophètes, savent bien qu'ils habiteront ensemble avec lui dans cette terre heureuse, et qu'ils recevront en héritage des biens éternels et incorruptibles. »
 - (CXXXIX)



 Justin croit en l’existence de supplices éternels

Contrairement aux deux apologies adressées aux Romains, Justin de Naplouse n’a pas fait des mises en garde répétées aux Juifs contre les terribles tourments qui les attendraient s’ils continuaient à persécuter les chrétiens, même si cela est légèrement sous-entendu.

« quand il nous ressuscitera tous, qu'il enverra les uns incorruptibles, immortels, impassibles, dans son royaume éternel, ce royaume qui ne passera point, et qu'il précipitera les autres au milieu de feux et de supplices qui n'auront pas de fin. » -



 Eve et Marie étaient vierges

Selon Justin, Eve était 
vierge au moment où elle a désobéi à Dieu. Le simple fait qu’elle n’avait pas encore eu d’enfant au moment où le couple est chassé du Paradis suffit-il pour dire qu’Eve était vierge ?

 

« nous comprenons encore que si, d'un côté, il est fils de Dieu, de l'autre, il est homme, fils d'une vierge, afin que le péché, introduit dans le monde par le serpent, fût détruit par les moyens qui l'avaient fait naître.  5 Ève, encore vierge et sans tache, écoute le démon : elle enfante le péché et la mort; Marie, également vierge, écoute l'ange qui lui parle; » - (C)

Justin termine sont long discours en exhortant les Juifs qui l’écoutaient : «
 je vous recommande de ne rien négliger dans l'intérêt de votre salut, pour vous affranchir de vos docteurs, et de savoir leur préférer le Christ du Dieu tout-puissant. » - CXLII :2

Sans doute cette exhortation peut également être adressée aux chrétiens qui ont aveuglément suivi leurs docteurs alors que ceux-ci n’ont pas enseigné que des vérités…



 Conclusion :

Justin Martyr reproche aux Juifs d’avoir sombré dans l’idolâtrie à plusieurs reprises allant jusqu’à sacrifier leurs propres enfants, et cela après avoir pourtant été les témoins de prodiges divins !
Il pense que la Loi mosaïque ne servait qu’à maintenir l’obéissance des Israélites. Par cette croyance, il déprécie Dieu qui a organisé son dessein pour la terre depuis bien longtemps, de très nombreuses lois et célébrations préfigurant des évènements ultérieurs bien plus grandioses.
Justin écrit que la circoncision n’était qu’un signe et non un moyen de salut.

Il reproche également aux Juifs leur polygamie et le fait d’avoir modifié les Écritures.
Enfin, il leur reproche d’avoir tué le Fils de Dieu, le seul Juste. Puis, toujours remplis de haine, ils n’ont cessé de persécuter les chrétiens.

Depuis la venue de Jésus au sein du peuple d'Israël, les Juifs ont cessé d’avoir des rois et leur pays est dévasté et ressemble à une « demeure abandonnée ». Ce qui prouve que Jésus était bien le Messie attendu. La prophétie de Jacob : « Il sera l’attente des nations » annonce d’avance la conversion des gentils.

Justin croyait dans le second avènement du Christ et le règne millénaire qu’il instaurerait. Au cours de ce règne millénaire, les habitants de la terre vivront en paix, en sécurité, dans l’harmonie, la justice et l’abondance.

Olivier

Lien - source - Dialogue avec Tryphon

Le plupart des images proviennent de "Free Bible Images"

 


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