Les Triades de dieux à travers les civilisations
Une triade est, du point de vue religieux, un ensemble de trois divinités complémentaires.
►De nombreuses triades sont
inspirées des astres et font référence à la lune et au soleil la plupart du temps (comme la triade
palmyréenne).
►Certaines triades sont composées de familles de dieux, le père, la mère et le
fils (comme la triade de Memphis).
►D’autres font référence aux trois grandes
fonctions de la société : le sacré, le pouvoir/la puissance militaire, la fécondité/fertilité (comme
la triade précapitoline).
● Les triades
mésopotamiennes
► En
Mésopotamie, An ou Anu (le dieu du ciel), Enlil ( le « Seigneur-souffle », dieu de la
terre ferme) et Enki ou Ea (le maître des eaux) constituent la triade suprême.

► La triade Shamash (dieu soleil), Sin (dieu lune) et Ishtar (reine du ciel, associée à Vénus, déesse de la fertilité).
Shamash (akkadien) /en sumérien Utu, est dans la religion mésopotamienne, le dieu du soleil, qui, avec le dieu de la lune, Sin /
(sumérien: Nanna), et Ishtar /(sumérienne : Inanna),
la déesse de la planète Vénus, fait partie d'une triade de divinités astrales. Shamash était le fils de Sin.
Shamash, comme divinité solaire, exerce le pouvoir de la lumière sur les ténèbres et sur le mal à ce titre, il devient connu comme le dieu de la justice et de l'équité, le juge des dieux et des hommes (Selon la
légende, le roi babylonien Hammourabi a reçu son code de lois de Shamash). La nuit, Shamash devient le juge des Enfers. Voyageant tous les jours dans le ciel, il y inspecte l'humanité,
découvre et châtie les méchants. On jure par lui dans les procès. Dieu omniscient, il préside, avec Adad, à la divination.

Musée du Louvre
► Les Babyloniens ont aussi des triades de démons comme celle de Labartou, Labasou et Akhkhazou.
● Mythologie égyptienne
► Une triade puissante : Osiris, Isis et
Horus.
Certains la nomment « triade d’Abydos » en référence à cette ville antique où Osiris était vénéré. La triade regroupant Osiris, dieu de la mort et de la renaissance,
Isis, déesse funéraire, sœur et épouse d’Osiris, et Horus, leur fils le dieu-faucon, constitue la triade la plus célèbre à travers tout le royaume d’Egypte.

Musée du Louvre
Osiris est le dieu de la mort et de la renaissance. Il est la plupart du temps représenté comme un homme momifié
au visage vert ou noir, coiffé de la couronne blanche de Haute-Egypte enserrée par deux plumes d'autruche. Dans ses mains, il tient les attributs du pharaon : le fouet et la crosse des
bergers. Il porte aussi la barbe postiche.
Isis, considérée comme la déesse-mère, est la femme et la sœur d'Osiris et la mère d'Horus, elle est la magicienne
qui favorise la résurrection des morts. Elle est généralement représentée par une femme portant sur la tête le signe hiéroglyphique du trône. Isis porte ici les attributs de la déesse Hathor
: le disque solaire inséré entre deux cornes de vache.
Horus, le dieu du ciel, le protecteur des pharaons. Il est le fils d'Isis et d'Osiris. Il est représenté sous la
forme d'un homme à tête de faucon portant la double couronne avec le serpent uræus. Il tient la croix ankh et le sceptre ouas. Avec sa queue de taureau, il a tous les attributs du
pharaon.
► La triade de Thèbes est constituée par Amon, Mout et leur fils Khonsu. Cette triade était aussi vénérée dans d’autres
villes.

Papyrus - British Museum
►La triade de
Memphis est composée de Ptah, le dieu des artisans et des
architectes, de son épouse Sekhmeth et de leur fils Néfertoum. Leur influence s’étend bien au-delà de Memphis.
Parfois, Néfertoum est remplacé par le pharaon qui forme une triade avec Ptah et Sekhmet.

Triade colossale de Ramsès II encadré par Ptah et Sekhmet trouvée à Memphis - XIXe dynastie - Musée du Caire
Ptah : dieu des artisans et des architectes, époux de Sekmeth
Sekmeth est
représentée par une femme à tête de lionne portant d'abord l'uraeus, puis, par la suite, le disque solaire ; de sa bouche de lionne sortent les vents du désert. Les textes égyptiens la
présentent comme la fille du dieu Soleil, Rê, incarnant l’œil de ce dernier.
Déesse guerrière personnifiant la puissance destructrice du Soleil, elle est l'instrument de la vengeance de Rê.
►Les triades
de Mykérinos
Menkaourê, plus connu
sous la forme hellénisée de son nom Mykérinos (grec : Μυκερίνος),
Menkaourê était le fils de Khéphren et le petit-fils de Khéops.
Ce roi est célèbre pour avoir construit la troisième pyramide de Gizeh ainsi que pour plusieurs triades de statues qui y ont été retrouvées.

Musée du Caire
►Il existe encore d’autres triades dans mythologie égyptienne. Citons par exemple les triades :
o d'Héliopolis (Khépri, Rê, Atoum),
o d'Edfou (Horus, Hathor, Harsomtous),
o d'Éléphantine (Khnoum, Anoukis, Satis),
o de Médamoud (Râttaouy, Montou, Harparê),
o d'Erment (Iounyt, Montou, Râttaouy) ;
● Les triades dans la
mythologie indo-européenne
Le terme « Indo-Européen » est né il y a 250 ans avec la mise en évidence de parentés linguistiques entre les langues européennes et celles du nord de l'Inde. On en a
conclu aussitôt à l'existence d'une langue originelle. Nous trouvons : le grec, le latin (français, espagnol, italien, portugais…), les langues celtiques (ancien gaulois, gaélique, breton,
gaélique écossais, irlandais…), le germanique (danois, norvégien, suédois, islandais, anglais, hollandais, frison, fla¬mand, bas-allemand…), le hittite, le sanskrit (Inde), l’iranien,
l’arménien, les langues slaves, le zend, les langues baltes (letton, vieux prussien et surtout le lituanien).
Les sociétés indo-européennes antiques ont, chacune, défini une triade de divinités majeures qui reflètent, au niveau du sacré, les fonctions tripartites indo-européennes autour desquelles s'organisent ces sociétés.
La triade théologique indo-européenne reflète la tripartition fonctionnelle de la société indo-européenne entre la fonction religieuse liée au sacré, la fonction
militaire liée à la force et la fonction productrice liée à la
fécondité.
● Les triades romaines
:
►Dans la religion de la Rome
antique, la triade précapitoline comprend Jupiter, Mars et
Quirinus . Sa composition correspond aux trois fonctions indo-européennes. Jupiter incarnant la
souveraineté sacrée, Mars la force guerrière et Quirinus la production et la fécondité.
Ce groupement de trois dieux, remontant aux plus anciennes origines de Rome, a été ensuite remplacé, après la période étrusque, par la triade capitoline (Jupiter, Junon, Minerve).
► La triade
capitoline désigne, dans la religion romaine, les trois divinités Jupiter, Junon et Minerve qui étaient
honorées au temple de Jupiter Capitolin, sur le Capitole à Rome. Elle célèbre Jupiter, dieu de la foudre, du tonnerre, du ciel et de la lumière, et défenseur de la justice, Junon, reine des
dieux et du ciel, et protectrice des femmes, et Minerve, déesse de la sagesse, des arts et des techniques de la guerre, et protectrice de Rome.

Les cérémonies en l'honneur de la triade capitoline étaient organisées chaque année par
le Grand Pontife ou Pontifex maximus. Son culte s'est poursuivi à Rome jusqu'à la reconnaissance du christianisme comme religion d'État.
Dans la Rome antique, pontifex maximus (grand pontife) est le titre donné au grand prêtre à la tête du collège des pontifes. C'est la charge la
plus élevée en prestige et en obligations au sein de la religion publique
romaine, et celui-ci a pour résidence la regia, palais des anciens rois de Rome. Ce
terme vient du fait que les pontifes étaient chargés – entre autre - de l'entretien d'un pont sacré, le pont Sublicius.
Constantin Ier (qui favorisa les chrétiens) et ses successeurs, même baptisés, prirent eux aussi le titre de pontifex
maximus.
Durant l'hiver 382/383, l'empereur Gratien, parmi de nombreuses mesures contre les religions anciennes, abandonna ce titre, tandis que son frère
Valentinien II ne le porta pas. Le titre n'est alors plus porté pendant des siècles, jusqu'à ce que le pape Théodore Ier le reprenne en 642.
Aujourd'hui, le titre Pontifex maximus est réservé au pape — également appelé Souverain pontife (Summus pontifex) ou Pontife romain (Pontifex romanus). Le règne
d'un pape est appelé pontificat et l'ancien domaine papal était connu sous le nom d'États pontificaux.
● Les triades germaniques et nordiques :
Dans la mythologie germanique et nordique, la triade principale est représentée par Odin, en position de dieu suprême et représenté borgne, Tyr ouThor, le
dieu de la Guerre porteur d’un marteau, et Freyr, qui représente la vie et la fertilité en brandissant un
épi.

Tapisserie du 12ème siècle
Odin est le dieu principal de la mythologie nordique. Il est également considéré comme le patron de la magie,
de la poésie, des prophéties. Son fils est nommé Thor. Odin partage la fête de Yule, qui est célébrée le 21 décembre, avec le dieu Ull.
Thor ou Tor est le dieu du Tonnerre. Il est vénéré dans l'ensemble du monde germanique. Thor est le plus puissant des dieux
guerriers. Symbolisant la force, la valeur, l'agilité et la victoire, il utilise la foudre et apaise ou excite les tempêtes. Ses pouvoirs sont ainsi liés au ciel.
Freyr (parfois francisé en Frey) est associé à la prospérité, et selon plusieurs sources il commande la pluie et les
rayons du Soleil, faisant de lui un dieu de la fertilité très vénéré.
● Les triades celtes
Dans la mythologie celtique, la triade, attestée par l’historien-poète latin Lucain, aurait été composée de Taranis, Esus et Teutatès.

Taranis est le dieu du Ciel et
de l'Orage dans la mythologie celtique gauloise.
Teutatès, qui signifie « père de la tribu, de la nation », serait le dieu protecteur d’une communauté et de son territoire, avec une
connotation guerrière.
Ésus, le dieu-bûcheron, serait, lui, le dieu de la terre et de la végétation. Il préside aux travaux des champs et des bois.
● Triades
indiennes
► La Trimūrti
Dans la Trimūrti, les
dieux Brahmâ, Vishnou et Shiva symbolisent respectivement la création,
la préservation et la destruction.
D'un point de vue historique, la Trimūrti
succède à la trinité védique formée d'Agni, le dieu du feu, Vâyu, le dieu du vent et le dieu
solaire Sûrya, les
trois aspects du Feu sacrificiel.

Dans la Trimūrti, Brahma est le créateur de l’univers, dieu à 4 têtes (époux de Sarasvati la déesse du savoir).
Shiva le destructeur, l’ascète, le dieu de la
fertilité, de la mort (époux de Sati, Parvati ou Kali ou Durga et Ganga) a pour attributs le trident, le serpent et le croissant de lune.
Vishnou, le protecteur ou conservateur de la vie.
Il incarne la bonté, la compassion et la fécondité. Vishnu intervient dans le monde sous forme d’avatars (incarnations) chaque fois que le bon ordre de l’univers est menacé. C’est un dieu
solaire cosmique à valeur bienveillante (époux de Lakshmi, déesse de la beauté et de la chance). Ses attributs sont la massue, le disque et le lotus.
● Triade de
Palmyre
La triade palmyréenne est composée d’Aglibôl, dieu de la lune, Malakbêl, dieu du soleil,
et Baalshamin, le dieu
phénicien.

La triade palmyrénienne est représentée sur un bas-relief de calcaire qui date du Ier siècle ap. J.-C et conservé aux antiquités orientales du musée du Louvre.
Cette pièce majeure est originaire du site archéologique de Palmyre.
Baalshamin, ou
Baal, dieu phénicien du ciel, de la pluie et de la fertilité était le dieu le plus vénéré au moyen-Orient.
Son culte s’est propagé jusqu’à Rome et jusqu’en Afrique (Egypte, Carthage).

C’est le dieu Baal que les Israélites ont à de nombreuses reprises vénéré, comme relaté dans
l’ancien testament, tombant ainsi dans l’idolâtrie.
● Triades dans la société inca, au Pérou
La religion Inca (polythéiste) est essentiellement basée sur le culte du Soleil, faisant d'Inti le
dieu le plus important de leur panthéon.
On peut citer un autre dieu important, considéré comme le dieu créateur, Viracocha (ou Wiraqucha). Et Illapa, Dieu de l'éclair, du tonnerre, de la pluie, de la
grêle et des phénomènes météorologiques. Inti, Viracocha et Illapa forment la triade de divinités la plus importante chez les Incas.
Inti : Taken from the National flag of Argentina_______ Viracocha
VIRACOCHA, dieu
créateur décrit comme un homme grand, barbu, à la peau claire et vêtu de blanc.
ILLAPA, dieu de
l'éclair, du tonnerre, de la pluie, de la grêle et des phénomènes météorologiques est généralement représenté sous la forme d'un homme vêtu de vêtements brillants, tenant une lance dans une
main et une fronde de l'autre. L'eau du ciel est recueillie à partir de la Voie lactée, dans une jarre qu'Illapa brise d'un jet de pierre avec sa fronde, pour provoquer la pluie.
● Triades
d’extrême-Orient
Dans le taoïsme,
où le chiffre trois a une grande importance, la "Grande Triade" extrème-orientale se réfère au Ciel
(Tien), à la Terre (Ti) et à l'Homme (Jen). Fils du Ciel-yang et de la Terre-yin, l'Homme, doit cultiver ces
deux énergies en lui.
● Conclusion
Le culte de divinités associées en triades est retrouvé sur tous les continents et à toutes les époques. Les triades existent depuis le berceau des civilisations et sont, pour certaines,
encore adorées aujourd’hui.
Les triades sont associées au culte idolâtrique et éloignées du culte pur que nous devons rendre à notre Créateur et Souverain Suprême à qui nous devons la vie.
Dans le prochain post, nous parlerons de la trinité. Nous verrons comment cette croyance syncrétique s’est retrouvée dans la plupart des religions chrétiennes.
Olivier
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